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Migrants : Vienne et Milan en première ligne

Des migrants ont bloqué la circulation milanaise, mardi 25 août, pour protester contre leurs conditions de vie. Au même moment, le sommet sur les Balkans de Vienne annonce une modification de son agenda pour le consacrer à la crise.

«Nous sommes fatigués, nous voulons des papiers», criaient quelques centaines de migrants, alors que des échauffourées avec la police italienne avaient lieu, à Milan, mardi 25 août. Les réfugiés, accueillis dans un centre de la Croix Rouge, protestaient contre leurs conditions de vie et leur incapacité à obtenir des cartes de séjour. Le trafic a été brièvement interrompu sur une des principales avenues de Milan, qui relie la ville à Sesto San Giovanni.

Les manifestants étaient majoritairement des migrants venus d'Afrique. Leur centre d'hébergement avait été inondé lors des fortes pluies qui ont frappé le centre de l'Italie, la semaine du 17 août. Toujours inhabitable, les réfugiés ont été obligé de se munir de tentes. Des abris de fortune qui hébergent jusqu'à huit personnes, rapporte le quotidien italien Il Corriere Della Serra.

L'Italie est à elle-seule, aussi touchée par la crise des migrants que l'ensemble des Balkans de l'Ouest. Le pays a vue l'arrivée de 100 000 réfugiés par voie de mer depuis début 2015, d'après le ministère de l'Intérieur transalpin. Un afflux sans précédent qui a intensifié les tensions entre les partis politiques, plusieurs d'entre-eux plaidant pour un renforcement de la politique sécuritaire sur la question.

Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, a écrit sur sa page Facebook : «des manifestations ? Rentrez chez vous immédiatement !». Alors que le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, estimait dimanche que la crise des migrants menaçait «l'âme» de l'UE. «L'immigration met l'Europe en danger de montrer ce qu'il y a de pire en elle : l'égoïsme, la précipitation dans les prises de décisions, les tensions entre les États-membres», a ajouté le chef de la diplomatie de Rome.

A Vienne, l'agenda du sommet bouleversé

Le sommet sur les Balkans de l'Ouest, qui s'ouvre dans la capitale autrichienne, jeudi 27 août, ne portera plus en priorité sur la coopération régionale et les perspectives d'élargissement de l'Union Européenne (UE) à certains pays de la zone, comme annoncé. C'est la crise des migrants qui sera au centre des préoccupations de la rencontre, alors que la région est une des principales portes d'entrée vers l'Europe occidentale.

La «route des Balkans de l'Ouest» a en effet vu l'arrivée de 102 000 migrants entre janvier et juin 2012. Ceux-ci ont pénétré l'UE par la Macédoine, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, le Kosovo ou encore le Monténégro. Par comparaison, on avait enregistré, sur la même période, en 2014, que 8 000 passages de migrants. La Macédoine a déclaré l'état d'urgence face à cette situation et a repoussé les arrivants manu militari et la Hongrie, membre de l'UE, a installé une clôture barbelé le long de sa frontière avec la Serbie.

L'Autriche doit donc annoncer un plan d'action en cinq points, lors de ce sommet qui accueillera également la Chancelière allemande Angela Merkel et la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Ce plan prévoit d'intensifier la lutte contre les réseaux de passeurs, de répartir les réfugiés en UE de manière «plus équitable», de mettre en place une coopération sécuritaire renforcée entre les membres de l'UE, de définir une «stratégie à l'échelle européenne» et de proposer une aide aux pays dont les migrants sont originaires. Ces derniers sont majoritairement originaires de Syrie, Libye, Irak, Afghanistan, Soudan et Érythrée.

Lundi 24 août, le ministre des Affaires étrangères autrichien, Sebastian Kurz, s'est exprimé lors d'une visite en Macédoine. «C'est un désastre humanitaire, un désastre pour l'Union Européenne tout entière» a-t-il estimé, ajoutant qu'il était «urgent que nous nous penchions sur la situation des Balkans de l'Ouest». Le chef de la diplomatie viennoise a également appelé à «trouver une nouvelle stratégie pour soutenir la Grèce et les pays des Balkans occidentaux». L'Autriche est particulièrement touché par la crise migratoire, en raison de sa position géographique : le pays partage une frontière avec la Hongrie et une avec l'Italie. Cette dernière est à l'avant-garde de l'accueil de migrants, ce qui créé des problèmes majeurs dans le pays.