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Hiroshima : les témoignages déchirants des survivants et la vraie raison du bombardement du Japon

70 ans après le largage des bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, les historiens restent divisés quant aux motivations réelles de cette décision. Le reporter de RT Peter Scott s’est rendu sur place.

Environ 300 000 japonais ont péri des suites des attaques meurtrières à l’arme atomique en août 1945. En 70 ans, les souvenirs terrifiants de ceux qui ont vécu la tragédie sont toujours vifs dans leur esprit. Dans un hôpital japonais spécialement désigné pour le traitement des «hibakusha», les survivants des bombardements, la plupart des patients souffrent de cancers, mais aussi de stress post-traumatique.

«Il s’agit des souvenirs de l’explosion que les gens préféreraient oublier», a raconté à l’équipe de RT Nanao Kamada, responsable de ce centre hospitalier. «Ils restent dans leur esprit et reviennent parfois à la surface».

«Il y avait des corps partout. Les mères cherchaient désespérément leurs enfants. Autour, on entendait des cris : « Maman ! Maman ! » Les enfants survivants cherchaient leurs mères, qui les regardaient et étaient souvent incapables de les reconnaître», c’est de cette façon que se rappelle du moment de l’explosion Chiyoko Kuwabara, une rescapée de l’explosion nucléaire d’Hiroshima, interrogée par Peter Scott.

«Mon dos a brûlé jusqu’aux os. Une partie de mon corps était paralysée, mes côtes ont été brisées et sont rentrées dans mon cœur et mes poumons», raconte un autre témoin du bombardement, Sumiteru Taniguchi.

Attention : les images attachées à cet article peuvent heurter la sensibilité.

Malgré les souffrances qu’ont causées les deux bombes larguées par les Etats-Unis sur le Japon, les relations entre les deux pays se sont aujourd’hui celles de vieux alliés. Cependant, c’est la nécessité d’un tel pas de la part de Washington qui ne cesse d’être remise en question.

«D’après l’enquête de la Commission américaine pour les bombardements stratégiques, le Japon était prêt à se rendre, même sans que les bombes ne soient larguées et que l’armée américaine ne pénètre sur les îles japonaises», a rappelé le professeur d’histoire américain Gregg Herken.

Les raisons évoquées par le président Harry Truman, responsable de la décision d’employer la bombe atomique, souligne que les deux bombardements fatidiques ont sauvé la vie de plus de 500 000 soldats américains qui auraient pu périr si l’invasion du Japon avait eu lieu.

Toutefois, d’après des documents du gouvernement américain récemment déclassifiés, le bombardement du Japon n’était dicté par aucune nécessité militaire, mais par la volonté de montrer aux Soviétiques la puissance des Etats-Unis.

«Selon un plan élaboré au mois d’octobre 1945, il était prévu de bombarder 20 cibles sur le territoire soviétique», a poursuit Gregg Herken.

Alors que les relations entre les deux alliés de l’époque de la Seconde Guerre mondiale se détérioraient à grande vitesse, les Etats-Unis se sont rapidement rendu compte que leur savoir-faire atomique leur donnait un argument de poids sur la scène politique internationale, jugent les historiens.

«C’est là que commencent les hypothèses, mais je pense que (…) les Américains voulaient montrer aux Russes leur puissance militaire», estime le directeur de l’Institut de recherches nucléaires à l’université américaine Peter Kuznick.

Les plans d’attaques contre l’URSS concernaient 20 villes, dont des grands centres comme Moscou, Leningrad ou Svierdlovsk, peut-on voir dans des documents datant de 1945. Dans l’ensemble, la population de ces villes atteignait à l’époque plusieurs millions de personnes.

Ce plan n’a jamais été réalisé. Cependant, les évènements japonais ont fait entrer le monde dans une nouvelle époque – celle de la Guerre froide.