L’Espagne possède en effet l’un des taux de fertilité les plus faibles de l’Union européenne, avec une moyenne de 1,27 enfant par femme en âge de procréer, contre une moyenne européenne de 1,55. La crise économique qui règne dans le pays a provoqué un exode massif. Ils sont des centaines de milliers d’Espagnols, comme les migrants, à quitter le pays pour trouver un meilleur travail à l’étranger. En conséquence, la population espagnole décroît depuis 2012.
Mais l’Espagne toute entière n’est pas mobilisée pour remédier à ce problème qui aux yeux, d’Alejandro Macarron est une menace directe pour la croissance économique, mais aussi les retraites, les services sociaux et le système de santé.
La région de la Galice est, par exemple, l’une des rares qui essaye de traiter la question. En 2012, le gouvernement régional a lancé une initiative à long terme visant à lutter contre la baisse du taux de fécondité. Il a mis en place à cette effet des mesures telles que l’octroi de subventions aux familles pour l’achat de maisons et les transports ou des publicités radiophoniques incitant à avoir plus d’enfants. Mais malgré ces mesures, la population de la région pourrait tout de même perdre un million d’habitants d’ici 40 ans.
En parallèle, le nombre de migrants économiques et de demandeurs d’asile qui cherchent à pénétrer dans les pays de l’UE au péril de leur vie n’a jamais été aussi important, atteignant des niveaux records. Paradoxalement, les autorités tentent de les repousser, quand bien même une crise démographique sans précédent menace le continent. L’Europe a un besoin croissant de gens jeunes, dont le travail pourra financer les services de santé, les retraites, s’occuper des personnes âgées et peupler les zones rurales.
Le Portugal, longtemps pourvoyeur de main d’œuvre bon marché pour les pays du Nord de l’Europe, est confronté au même problème. Pour plusieurs analystes, la question actuelle est de savoir jusqu’à quel point sa population peut baisser. D’après les prédictions de l’Institut national de statistique, la population portugaise pourrait passer de 10,5 à 6,3 millions d’ici 2060. Le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, s’est même exclamé à ce propos : «Nous avons vraiment de graves problèmes».
L’Italie ne fait pas une exception. Son taux de fécondité qui était de 2,37 en 1970 n’atteignait plus que 1,39 en 2013. Le gouvernement encourage les Italiens à avoir des enfants, le Premier ministre Matteo Renzi annonçant même un plan pour fournir aux couples à faible revenu, une «allocation familiale» mensuelle s’élevant à 80 euros. Mais l’aspect financier n’est qu’une partie du problème.
Près de 91 000 Italiens ont émigré l’année dernière, ce qui représente presque deux fois plus qu’en 2011 alors que le taux de chômage des jeunes s’est établi à 44,2% au mois du juin pour un taux national de 12,3%.
En revanche en Allemagne, longtemps critiquée pour son taux de naissances très faible, les choses semblent frémir sur le plan démographique. Avec 33 000 naissances de plus en 2014 qu’en 2013, soit une hausse de 4,8%, la République fédérale affiche son meilleur taux de natalité depuis 13 ans. Reste que la taille du défi démographique que doit relever l’Allemagne reste importante car durant plusieurs décennies, le nombre des décès a dépassé celui des naissances.
Seuls les pays scandinaves semblent résister à cette tempête démographique. C’est certes partiellement grâce aux congés parentaux généreux et à la stabilité économique qui caractérise ces pays. Mais pour la Suède et la Norvège, une forte immigration nette contribue à ces bons résultats.
«Nous faisons face au problème que pose le vieillissement de la population, mais ce n’est pas très alarmant à cause des taux de fécondité élevés», a fait savoir Nizar Chakkour de l'office suédois de la statistique.
L’immigration est aussi l’un des moyens qui permet de soutenir, voire de stimuler, le taux de fécondité en Grande-Bretagne et en France qui ont permis à ces populations de croître en termes absolus.
Le bilan démographique de 2014 montre que la France détient le taux de fécondité le plus élevé d’Europe avec 2,1 enfant par femme en âge de procréer, juste au-dessus de la barre symbolique des deux enfants par femme nécessaire pour garantir le renouvellement de la population.