La France et sa force militaire Barkhane (4 500 soldats dans les pays du Sahel, dont 2 700 sur le territoire malien) seront «aux côtés du Mali aussi longtemps que nécessaire et aussi longtemps que le Mali le souhaitera», a lancé Edouard Philippe lors d'une conférence de presse commune avec son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga, le 23 février.
Quelque 85 millions d'euros d'aide française au développement ont été actés lors d'une cérémonie à Bamako, dont 35 millions de subventions directes destinées notamment à faire face aux difficultés de trésorerie de l'Etat malien, qui peine à collecter des impôts dans de nombreuses régions. Et l'Agence française de développement (AFD), qui réoriente depuis 2018 ses crédits en priorité sous formes de dons vers le Sahel, «devrait doubler dans les prochaines années» sa contribution au Mali, a assuré Edouard Philippe.
«C'est important de livrer des combats pour gagner la guerre, mais c'est aussi important de construire la paix et la prospérité», a fait valoir avant la cérémonie le locataire de Matignon, en inaugurant une vaste station de pompage d'eau près de Bamako, financée par les bailleurs internationaux. Un engagement d'achat de coton, dont le Mali est le premier producteur africain, a également été annoncé par le géant français de la distribution Carrefour.
Accélérer l'application de l'accord de paix de 2015
Ces gestes de soutien à l'exécutif du président Ibrahim Boubacar Keïta, que le Premier ministre français a ensuite rencontré dans l'après-midi, ont toutefois été assortis d'un appel à accélérer l'application de l'accord de paix de 2015 censé isoler définitivement les djihadistes, mais dont l'application accumule les retards.
Si «des progrès indéniables» ont été accomplis, «nous devons être tous ensemble mobilisés pour que ces efforts puissent se poursuivre», a plaidé Edouard Philippe. Il a cité la décentralisation, le développement des régions du Nord et «l'accélération» du processus de «désarmement, démobilisation et réinsertion» (DDR) prévu par l'accord pour les combattants des groupes armés signataires, en vue notamment d'une armée malienne restructurée, plus représentative des populations du Nord en particulier.
Six ans après l'intervention militaire menée par la France pour chasser les djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali et trois ans et demi après la signature de l'accord, des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques.
Au lendemain de l'annonce par l'armée française de la mort du numéro 2 du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, principale alliance djihadiste au Sahel, Edouard Philippe a affiché «l'endurance et l'humilité» plutôt que le triomphalisme. Si la lutte contre les groupes djihadistes et l'insécurité au Sahel «obtient des résultats», «la tâche est longue», a reconnu le Premier ministre, qui sera dans la soirée du 23 février auprès des troupes françaises à Gao (nord).
Au-delà des attaques djihadistes, qui depuis 2015 se sont étendues au centre du Mali ainsi qu'au Niger et au Burkina Faso voisins, le Mali est confronté à une recrudescence de l'insécurité. Dans la soirée du 22 février, trois Casques bleus guinéens ont été tués par de présumés coupeurs de route, à seulement 45 kilomètres de Bamako.