«On constate malheureusement les très grandes faiblesses du fichage par le renseignement. Ce dispositif est défaillant parce qu'il s'interdit les vraies questions : pourquoi la France accepte-t-elle donc sur son territoire national un ressortissant étranger dont elle sait pourtant qu'il est potentiellement dangereux et lié à une idéologie meurtrière ?», s’est demandée Marine le Pen.
Sa déclaration a fait suite à la diffusion des informations relatives au fichage du jeune islamiste marocain Ayoub El Khazzani, qui a été neutralisé, vendredi, par des passagers du Thalys Amsterdam-Paris alors qu’ils s’apprêtait à commettre un massacre, armé d’une kalachnikov. Le terroriste est actuellement en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) mais faisait pourtant l'objet d'une fiche «S» émise par cette même DGSI, après avoir reçu un avertissement des renseignements espagnols.
Marine le Pen a franchi une étape importante en proposant, pour remédier à ce type de situations, d’expulser tous les criminels étrangers du pays, en demandant que «les étrangers connus pour leurs liens avec l'islamisme radical ne soient désormais plus simplement fichés, mais qu'ils soient immédiatement expulsés du territoire français s'ils vivent en France, et dans tous les cas interdits de territoire».
Pour l’instant, deux enquêtes sont en cours : l'une menée par le parquet antiterroriste de Paris, dont la compétence est nationale, l'autre, par le parquet fédéral belge. D'après les premiers éléments de l'enquête française, Ayoub El Khazzani, dont l'identité a été confirmée grâce à ses empreintes digitales, «vivait en Belgique, est monté dans un train en Belgique avec des armes sans doute acquises en Belgique alors qu’il était porteur de papiers qui lui avaient été délivrés en Espagne», a confié à l’AFP une source proche du dossier.
El Khazzani a vécu sept ans en Espagne, de 2007 à mars 2014. Il y était arrivé à 18 ans, s'installant d'abord à Madrid puis à Algésiras, en Andalousie, où il s'est fait remarquer par des discours durs légitimant le djihad. Le jeune homme fluet et de taille moyenne y a vécu en faisant des petits boulots et a même été détenu une fois pour trafic de drogue, rapporte une source des services antiterroristes espagnols.