Le retrait des troupes américaines de Syrie, annoncé par le président Donald Trump, risque de renforcer l'influence de la Russie et de l'Iran dans le pays : c'est ce que redoute la chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est confiée à la presse ce 16 février.
«Est-ce une bonne idée pour les Américains de se retirer soudainement et rapidement de Syrie? Cela ne renforcera-t-il pas encore la capacité de l'Iran et de la Russie d'exercer leur influence ?», s'est-elle interrogée à la Conférence sur la sécurité de Munich.
Pour moi c'est un mystère
Le départ des troupes américaines de Syrie, fortement critiqué par les interventionnistes occidentaux, devrait intervenir dans les prochaines semaines, alors que le groupe Etat islamique est sur le point d'être vaincu dans son dernier réduit en Syrie. Washington demande à ses alliés au sein de la coalition internationale anti-EI de constituer une «force d'observateurs» dans le nord-est syrien, mais ses partenaires, dont Paris et Berlin, n'en n'ont pas l'intention.
«Les Etats-Unis conserveront une forte présence dans la région» et «continueront de traquer les vestiges de l'EI, partout et à chaque fois qu'ils sortiront leur sale tête», a déclaré au même moment ce 16 février le vice-président américain Mike Pence lors de la même conférence.
La veille, à Munich, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a également prévenu que le retrait des 2 000 soldats américains de Syrie «risqu[ait] de favoriser» l'Iran, l'ennemi juré de Washington. «Comment est-ce que l'on peut être très ferme à l'égard de l'Iran et en même temps abandonner le nord-est de la Syrie alors que l'on sait très bien que la fin de l'histoire risque d'être de favoriser la présence iranienne dans la zone ?», a-t-il demandé avant de conclure : «Pour moi, c'est un mystère.»
Le vice-président américain Mike Pence avait qualifié l'Iran de «plus grand danger» dans la région, lui reprochant de préparer «un nouvel Holocauste» en raison de ses ambitions régionales. Dans la foulée, il avait sommé les Européens de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, que Washington a quitté en 2018. Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, lui avait opposé une fin de non-recevoir.