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Les nationalistes suédois en tête des sondages pour la première fois

Sur fond de crise migratoire et économique, les Suédois sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l'extrême droite. Un audit place le parti des Démocrates suédois de Jimmie Åkesson en tête des sondages pour la première fois de l'histoire.

Si aux dernières élections nationales en Suède, en septembre 2014, le parti des Démocrates suédois avait obtenu 12,9% des votes, il semblerait qu'il connaisse actuellement une ascension fulgurante puisque qu'un sondage YouGov indique que 25,2% des personnes interrogées seraient désormais prêtes à voter pour les nationalistes qui prônent notamment une réduction drastique de l'immigration pour le pays. 

Jimmie Åkesson, le leader du parti des Démocrates suédois, semble ainsi devancer ses concurrents, dont Stefan Löfven (23,4%), favorable à l'accueil des réfugiés fuyant la guerre, et Anna Kinberg Batra (21,0%), leader du parti des modérés de centre-droit. 

Du racisme, pas forcément, un ras-le-bol, certainement

Pour Richard Jomshof, le secrétaire du parti des Démocrates, qui s'est exprimé pour l'agence suédoise TT, ce résultat est «logique» puisqu'en Suède rêgne «une atmosphère d'insatisfaction générale vis-à-vis de la politique actuelle en terme d'immigration et d'intégration et notamment sur la question de la mendicité dans les rues qui provoque «un ras-le-bol des Suédois qui ne font plus confiance aux partis modérés».  

Stina Moran, expert politique, a suggeré à Metro qu'un tel score du parti des Démocrates venait de l'absence de débat et de propositions concrêtes des autres partis vis-à-vis de la question migratoire.

Cependant, selon elle, il est «très peu probable» que les nationalistes remportent les élections de 2018.

Pour elle, une montée aussi fulgurante de l'extrême droite en Suède a été provoquée par les récents incidents sur fond de crise migratoire, notamment le meurtre d'IKEA qui a provoqué une grande bague d'indignation et de colère sur la toile.

Mais Stina Moran affirme que si les Suédois sont prêts à voter pour l'extrême-droite, ce n'est pas parce qu'ils sont «racistes» ou «veulent à tout prix se débarrasser des immigrés», mais parce qu'ils sont simplement désireux d'être écoutés et entendus par leur gouvernement qui, selon, eux, ne répond pas à leurs attentes et ne se soucie guère d'eux. 

Après l'Allemagne, la Suède a enregistré le deuxième plus grand nombre de demandes d'asile en UE en 2014. En 2015, le pays devrait accueillir entre 75 000 et 90 000 migrants. 

Les démocrates suédois, adeptes des slogans chocs et des campagnes anti-immigration

Cependant, les dérapages et déclarations ambigües sont fréquents au sein du parti des démocrates. Ce dernier s'est par exemple récemment offert une campagne de pub géante dans le métro de Stockholm, mettant en scène des sans-abris et des mendiants, ainsi qu'un long message qui déplorait la situation migratoire du pays. Cette campagne avait choqué de nombreux Suédois et plusieurs milliers de personnes étaient descnendues dans les rues de Stockholm pour protetser contre le racisme.

Le mois dernier, Michael Ohman, le leader des Démocrates suédois dans la région de Heby, avait déclaré au journal Sala Allehanda que lorsque que quelqu'un mangeait de la viande Halal, il devenait automatiquement musulman, ajoutant souhaiter que la viande halal soit qualifiée de «hors-la-loi». Ces déclarations avaient fait un flop sur les réseaux sociaux, et l'homme politique fut moqué par de nombreux internautes.

Les voisins finlandais également friands des idées populistes

En Finlande aussi, l'extrême-droite rencontre un succès de plus en plus grand. Le 27 mai dernier, Timo Soini, chef du parti nationaliste des «Vrais Finlandais», a été nommé ministre des Affaires étrangères et européennes après avoir mené une campagne eurosceptique, fustigeant notamment les prêts européens à la Grèce.

Le parti, qui cultive une hostilité politiquement correcte envers les immigrés est passé de 4,1% en 2007 à 19,1% en 2011. 

En 2009, un des membres du partin Jussi Alla-Aho avait été condamné pour avoir présenté l'Islam comme une religion pédophile. 

Récemment, Olli Immonen, le leader du parti nationaliste des «Vrais Finlandais» a été fustigé pour une déclaration dans laquelle il appelait à une «lutte jusqu'à la fin contre le multiculturalisme». Ces déclarations firent certes un flop au sein de la classe libérale et des dizaines de milliers de Finlandais étaient descendus dans la rue à travers le pays en signe de protestation.

Mais en juillet dernier, une manifestation de suprémacistes blancs aggressive s'était tenue dans la ville de Jyvaskyla et avait abouti à 32 arrestations.

Par ailleurs, un conseiller municipal des Vrais Finlandais, Olli Sademies avait fait beaucoup parler de lui dernièrement en proposant la stérilisation des hommes africains une fois que ces derniers ont eu trois enfants, le tout pour «préserver l'identité finlandaise». La direction du parti, qui cherche à modérer son image, avait dit que ces propos n’engageaient que leur auteur.

Pour l'anecdote, un sondage récent dénommé «pas dans mon quartier» avait également démontré que les Finlandais préfèreraient vivre à côté d'un centre de désintoxication pour alcooliques que d'un lieu de culte musulman.