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Au Maroc, un appel pour des plages non mixtes divise la société

Dans la ville très touristique de Tanger, des marocaines ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux afin de pouvoir se baigner sans hommes à portée de vue. Une initiative qui interpelle, agite, voire divise la société du royaume chérifien.

Certaines Tangéroises ont ainsi lancé une page Facebook pour défendre ce qu'elles appellent leur droit à se baigner dans la «dignité». Cette page a déjà reçu 41 000 soutiens. Selon ces femmes, une plage  qui leur serait exclusivement réservée n'aurait rien de choquant puisque d'autres pays l'expérimentent déjà, à l'instar de la Turquie ou l'Italie. 

Les motivations de ces femmes sont multiples. Certaines souhaitent se prémunir contre le harcèlement sexuel très fréquent dans la ville en été. D'autres arguent de la jalousie de leurs maris qu'elles souhaitent ménager. Enfin, les plus nombreuses, se présentent comme «conservatrices» et invoquent leur religion, l'Islam. Elles disent ne pas vouloir «désobéir à Dieu en se dénudant devant les hommes».

La page Facebook de la campagne est surtout une façon pour elles d'alerter les autorités tangéroises pour que celles-ci leur réserve un pan de la côte maritime qui s’étend sur des dizaines de kilomètres. En plus des réseaux sociaux, de la signature d’une pétition, les initiatrices du mouvement appellent aussi à envoyer des réclamations aux autorités municipales, lesquelles pour le moment n'ont pas réagi. 

Cette initiative n'est pas passée inaperçue au Maroc. Si certains estiment que cet appel de femmes à la pudeur exacerbée ne concerne nullement toutes les Marocaines, d'autres les accusent ouvertement de servir l'«agenda de Daesh» dans le pays ou de vouloir «islamiser» la société. 

L'argument de l'islamisation feutrée de la société a un poids certain puisque la ville de Tanger, ainsi que les villes de Tétouan et de Fnideq, sont précisément connues pour fournir un grand nombre de djihadistes marocains pour la Syrie et l’Iraq.

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Cette histoire illustre surtout les positions qui clivent de plus en plus la société marocaine. Si le pays a connu un mouvement de protestation contre l'inculpation de deux jeunes marocaines pour «jupes trop courtes», un autre Maroc émerge, plus rigoriste et qui entend aussi faire entendre sa spécificité. 

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Ainsi, un autre appel a pris de l'ampleur sur les réseaux sociaux, celui de jeunes filles portant le hijab et qui souhaitent à l’Ecole Mohammadia d’ingénieurs de Rabat qui est théoriquement interdite aux étudiantes voilées.

Surfant sur la vague de la défense des libertés individuelles, des mouvements islamistes ont lancé le mouvement «le Hijab une liberté, l’enseignement est un droit».