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La Slovaquie veut bien accueillir des migrants, mais seulement s'ils sont chrétiens

Le gouvernement slovaque pose ses conditions à l'accueil des réfugiés sur son territoire. Seuls des chrétiens seront acceptés, sous prétexte que le pays ne dispose pas de mosquées pour ceux de confession musulmane.

«En Slovaquie, il n'y a pas de mosquées, c'est pourquoi nous voulons choisir seulement des chrétiens» explique ainsi très sérieusement un porte-parole du ministère de l'intérieur.

Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, cité par le Washington Post, aurait également déclaré: «La Slovaquie est un pays chrétien, et nous ne pouvons tolérer l'afflux de 300 ou 400.000 migrants musulmans qui vont commencer à construire des mosquées partout et essayer de changer la nature, la culture et les valeurs de notre pays.»

Devant cette déclaration, la Commission européenne a réitéré le principe de non-discrimination qui est au cœur, selon elle, de la loi européenne. 

Le chiffre de 200 réfugiés que la Slovaquie veut bien accueillir est de toute façon moindre que les 1100 demandés par Bruxelles. Mais selon le Premier ministre slovaque, son pays n'a pas à accueillir des réfugiés de conflits dans lesquels il n'a joué aucun rôle. Se référant à l'intervention de l'OTAN contre la Lybie de Mouammar Kadhafi, Robert Fico a ainsi posé la question qui fâche: «Qui a bombardé la Libye. Qui a créé des problèmes en Afrique du Nord? La Slovaquie? Non».

L'opinion slovaque semble également plus que réticente à l'accueil des réfugiés. Ainsi, un village situé près de la capitale slovaque, Bratislava, a récemment tenu un référendum sur l'opportunité d'abriter temporairement 500 demandeurs d'asile. 97% des votants s'y sont refusé.

Pourtant, les musulmans représentent 0,2% des 5 millions d'habitants que compte le pays. En 2014, la Slovaquie n'a accordé l'asile qu'à 14 personnes.

Crise des migrants et Europe de l'est, une rhétorique de la peur

Bien que les musulmans représentent moins de 1% de la population de la plupart de ces pays d'Europe orientale, leur potentielle présence via la crise migratoire quu secoue l'Europe, entraîne protestations et rhétorique extrême.

Ainsi, Tomio Okamura, leader tchèque d'extrême-droite de l’Aube de la démocratie directe, a-t-il encouragé ses compatriotes à élever des cochons et des chiens à proximité des mosquées. Toujours en Tchéquie, c'est un groupe nommé le «Bloc contre l'Islam» qui a recueilli 145.000 signatures pour une pétition contre les immigrés musulmans.

Le président Tchèque, Milos Zeman a également estimé que «les réfugiés issus d'un milieu culturel complètement différent ne seraient pas dans une bonne position en République tchèque».

Du côté de la Hongrie, le gouvernement Viktor Orban a envisagé de construire une vaste barrière le long de sa frontière avec la Serbie afin de mieux «se garder» des migrants.

Si la très catholique Pologne a un temps songé également à n'accueillir que des réfugiés chrétiens, le pays a toutefois accepté d’ouvrir ses portes à 2000 migrants originaires de Syrie et d’Afrique du Nord, sans condition de religion.

En Bulgarie, pays multi-confessionnel dont la population comprend 60% de chrétiens orthodoxes et 8 % de musulmans, l'afflux hypothétique de réfugiés fait craindre un changement dans cette répartition religieuse du pays.

Cette crise migratoire qui frappe l'Europe ne semble pourtant en rien perdre en intensité. En juillet, l'ONU a ainsi annoncé que la guerre civile avait forcé plus de 4 millions de Syriens à fuir leur pays. Ce 18 juillet, c'était au tour de l'agence des frontières européenne d'indiquer que 107.500 migrants avaient franchi les frontières de l'Union européenne en juillet 2015, soit le triple du chiffre de la même époque en 2014.