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Vintimille : la France barre l’entrée de l’Europe sans frontières aux migrants

Depuis plusieurs mois, les migrants qui ont atteint le nord de l’Italie à la frontière française sont désespérés car ils restent coincés entre les rochers de l’Italie et la frontière puisque la France ne les laisse pas entrer sur ton territoire.

L’Europe sans frontières construit des frontières

Malgré les accords de Schengen qui garantissent la libre circulation entre les Etats-membres de l’Union européenne, la France a fermé ses frontières avec l’Italie ou du moins, elle empêche les migrants illégaux d’y pénétrer. De plus en plus de citoyens s’indignent du fait que la police française de la ville frontalière de Menton arrête tous ceux qui ne ressemblent pas à un Européen typique. «Il n’y a qu’aux visages pâles, que les autorités ne demandent jamais leurs papiers », s’exclame l’un des citoyens de Vintimille. 

Compte tenu de l’afflux massif de migrants, dont une majorité veut traverser la France pour atteindre le Royaume-Uni, la police française des frontières fait régulièrement des raids dans les transports publics et dans les rues qui relient les deux pays. Même si certains migrants réussissent profiter de l’obscurité de la nuit pour passer la frontière en secret, sans se faire repérer, une fois que le jour se lève, les Français les renvoient en Italie.

«J’ai essayé quelques fois de prendre un train pour Paris mais la police m’a capturé et renvoyé à Vintimille. J’ai essayé cinq ou six fois», explique un des migrants. 

La police française affirme pour sa part qu’elle ne renvoie vers l’Italie que les personnes sans papier qu’elle interpelle dans la région. Mais on rapporte qu’une famille syrienne qui voyageait en train, avec des billets et des passeports réguliers, a elle aussi été renvoyée à Vintimille, après que billets comme argent aient été confisqués.

Vintimille, ex-région de villégiature pour gens aisés

Le décalage entre le décorum installé pour permettre aux touristes de venir se reposer dans la ville du littoral italien et la pauvreté des migrants qui s’amassent sur cette partie de la riviera italienne provoque les fous rires nerveux de ses citoyens.

Compte tenu de l’afflux massif de réfugiés qui restent de longs mois dans cette station balnéaire, les Italiens ont même construit un camp de réfugiés mais les autorités disent qu’il nuit au développement du tourisme, pour plusieurs raisons.

Premièrement, les jolies plages au bord d’une mer limpide qui ont toujours attiré les touristes aisés ressemblent maintenant à un abri en plein air qui accueille les migrants qui n’ont pas pu trouver de place dans un camp. Un panneau solaire leur permet de recharger leurs téléphones portables sur les rochers. On a aussi installé des douches et l’installation de WC doit suivre. Les habitants de Vintimille leur apportent de la nourriture et des paquets de vêtements. Mais on ne peut pas dire que les touristes se félicitent de la proximité d’un tel voisinage.

Deuxièmement, le camp est construit à quelques dizaines de mètres d’un complexe hôtelier de luxe, ce qui crée un malaise pour tout le monde. Les touristes refusent de payer les sommes réclamées en raison des incessantes descentes de police, les migrants ne peuvent pas s’alimenter proprement étant donné les prix élevés pratiqués dans les cafés et restaurants avoisinants : une simple entrée coûte jusqu’à 45 d’euros.

Pierre angulaire de l’accord de Dublin

L’accord de Dublin prévoit qu'un immigré fasse sa demande d’asile dans le pays par lequel il est entré dans l’Union européenne (UE). Mais les gouvernements de l’Italie, de l’Espagne et de la Grèce ne peuvent pas accueillir seuls tous ces migrants. Au vu des témoignages des citoyens italiens sur le comportement de la police française, le chef du conseil de la ville de Vintimille Alessandro Ghirri, accuse la France de mal se conduire.

«Nous avons vu la police armée et en gilets pare-balles à la frontière. Cela me donne une impression que nous revenons au temps où nous avions des frontières», a-t-il précisé.

«Je crois qu’ils tirent avantage de cette situation. Beaucoup de personnes sont parties pour la France depuis quelque temps mais on les a renvoyées en Italie. (…) Franchement, je ne suis pas d’accord avec la manière dont la France nous plonge dans une situation difficile. Je comprends qu’ils aient des problèmes à l’autre bout du pays mais pour moi, sa position est injuste», a-t-il poursuivi.

Paradoxalement, Jean-Claude Guibal le maire de Menton, la ville française qui jouxte Vintimille, considère lui aussi «que c’est une charge exorbitante qui est imposée à l’Italie ; que c’est injuste à l’égard de l’Italie, comme c’est injuste à l’égard de la Grèce». Mais il insiste également sur le fait que la France ne fait qu’appliquer à la lettre le droit européen tel qu’il existe dans les accords de Schengen et de Dublin. Loin de s’en satisfaire, le maire de Menton plaide en faveur d’une grande réforme de la politique migratoire de l’UE qui montre ses limites dans l’environnement actuel. «Il faut revoir les accords de Schengen», martèle l’élu, de sorte que la protection des frontières extérieures de l’UE ne soit plus assumée par les pays par lesquels passent ces frontières mais par l’ensemble des Etats-membres.