«La révolution n'a pas vieilli, elle reste jeune», a déclaré Raul Castro, premier secrétaire du Parti communiste cubain le 1er janvier lors de la célébration du 60e anniversaire de la révolution cubaine.
«Honneur et gloire à ceux qui, en janvier 1959, ont mis fin à la longue nuit de la dictature de Batista et ont donné à Cuba le surnom de l'île de la liberté. Nous sommes Cuba. Nous sommes la continuité», a écrit sur son compte Twitter l'actuel président Miguel Diaz Canel.
Indéniable source d'inspiration pour la gauche en Amérique latine et dans le monde, porteuse d'importantes avancées sociales, notamment dans la santé et l'éducation malgré certains défis, comme le niveaux très bas des salaires, la révolution cubaine a démarré le 1er janvier 1959 avec la prise de pouvoir des forces révolutionnaires.
Historiquement, le 1er janvier 1959 est considéré comme la date du triomphe de la révolution. Ce jour-là, Fidel Castro, Ernesto «Che» Guevara et quelques dizaines de combattants appelés les barbudos («barbus») sortent victorieux de la guérilla qu’ils menaient depuis décembre 1956 pour libérer Cuba de la dictature de Fulgencio Batista, dirigeant à la politique très pro-américaine. Depuis de nombreuses années, Cuba était sous la domination économique et l’influence politique des Etats-Unis. Tandis que les compagnies américaines s’enrichissaient en investissant dans le pays et en exploitant ses ressources, la grande majorité du peuple cubain vivait dans une extrême pauvreté. Fidel Castro, à bord de sa «Caravane de la liberté», arriva à La Havane le 8 janvier 1959. Lui et ses hommes reçurent un accueil jubilatoire de la part des habitants de la ville.
L'hostilité des Etats-Unis continue
Lors de la cérémonie de commémoration ce 1er janvier, Raul Castro, président du pays entre 2008 et 2018, a dénoncé le retour des Etats-Unis à une politique hostile, après une brève période de détente. «A nouveau, le gouvernement des Etats-Unis semble prendre le chemin de la confrontation avec Cuba et présenter notre pays pacifique et solidaire comme une menace pour la région», a déclaré l'ex-président lors d'un discours prononcé face au cimetière de Santiago de Cuba, dans le sud-est de l'île, où repose son frère Fidel, décédé le 26 novembre 2016.
Sous la présidence de Barack Obama, Washington et La Havane avaient entamé en décembre 2015 un rapprochement. Les relations diplomatiques ont été rétablies après des décennies d'hostilité et l'embargo américain qui plombe l'économie cubaine depuis 1962 a été quelque peu allégé.
L'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, début 2017, a refroidi ce réchauffement. Donald Trump accuse Cuba de faire partie, avec le Venezuela et le Nicaragua, d'une «troïka de la tyrannie».
«Je réitère notre disposition à cohabiter de manière civilisée malgré les différences, dans une relation de paix, respect et bénéfice mutuel avec les Etats-Unis», a ajouté Raul Castro, accusant «l'extrême droite en Floride», où vivent de nombreux exilés cubains, d'avoir «confisqué la politique des Etats-Unis envers Cuba».
Concernant l'avenir de la révolution, Raul Castro a déclaré que le défi à relever pour Cuba, était «l'économie, qui est asphyxiée». Il a estimé que les difficultés rencontrées par l'île provenaient de l'embargo américain, qui a coûté l'an dernier 4,3 milliards de dollars à Cuba. Le coût total des pertes causées à l'économie de l'île par le blocus s'élève à 134,5 milliards de dollars, depuis 56 ans, selon des données de l'ONU.
Raul Castro a en outre appelé à réduire les dépenses inutiles, à diversifier les exportations mais aussi à «encourager les investissements étrangers» qui «ne sont pas un complément, mais un élément fondamental» pour relancer l'économie.
A cet égard, les autorités cubaines soumettront à référendum, le 24 février, une nouvelle Constitution qui reconnaît la propriété privée, le marché et l'investissement étranger, sans toutefois renoncer à l'objectif d'une société communiste.
Meriem Laribi
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