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Crise diplomatique : que se passe-t-il entre l'Union européenne et la RDC ?

La République démocratique du Congo a prié le 27 décembre l'ambassadeur de l'UE de faire ses valises. Une réaction au maintien de sanctions européennes contre le pays, visant notamment un des candidats à la présidentielle.

Bart Ouvry, le représentant de l’Union européenne en République démocratique du Congo (RDC), est visé par une expulsion imminente, dans le contexte d'un coup de froid diplomatique à trois jours d'une élection présidentielle reportée à trois reprises.

Le 27 décembre, le ministre des Affaires étrangères de RDC, Leonard She Okitundu, a réuni le corps diplomatique pour lui annoncer cette décision, rendue à l'approche du scrutin. Il l'a justifiée par «le comportement répréhensible de l'intéressé» et «le cadre de la réciprocité».

Le chef de mission belge Bart Ouvry aurait en effet agacé par ses critiques à peine voilées visant l'organisation des élections, comme le rapporte un tweet de la journaliste Sonia Rolley, qui estime que ses doutes quant à la régularité de la tenue du scrutin ont joué contre lui.

Mais cette expulsion traduit avant tout la tension diplomatique croissante entre la République démocratique du Congo et l'Union européenne, cette dernière ayant maintenu le 10 décembre ses sanctions imposées il y a un an, comprenant gels d'avoirs et refus de visas, à l'encontre de 14 dignitaires nationaux, dont un candidat à la présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary.

Leonard She Okitundua a en effet évoqué dans son discours les «sanctions infligées unilatéralement par le Conseil européen à d'éminentes personnalités» de RDC. Il avait au préalable demandé la «levée» ou la «suspension» des sanctions «jusqu'à la tenue des élections générales en RDC», sans que le Conseil européen ne prenne cette requête en considération.

L'UE a répondu à cette annonce, jugeant cette mesure «totalement injustifiée» et «contreproductive» à l'approche des élections.

Un des candidats à la présidentielle, Moïse Katumbi, s'est élevé contre cette décision de Kinshasa, clamant sur Twitter que l'Union européenne était leur premier «bailleur qui [défendait] le peuple et la démocratie face à [des] dirigeants prédateurs». «Ils expulsent l’ambassadeur pour organiser des élections à huis-clos», a-t-il martelé. 

Les élections, reportées pour la troisième fois en RDC, ne se tiendront que partiellement : un million d'électeurs des villes de Beni, Butembo et dans le territoire Yumbi sont pour le moment exclus du vote. Des violences et des affrontements avec la police ont éclaté dans ces zones privées de scrutin le 27 décembre.

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