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Espagne : 800 € d'amende pour avoir photographié une voiture de police sur une place handicapé

Une femme de la ville de Petrer, dans le sud-est de l'Espagne, a été condamnée à payer une amende de 800 € pour avoir photographié une voiture de police garée sur une place handicapé et avoir posté la photo sur son compte Facebook.

Peut-on parler d'impunité policière ? Une loi récemment promulguée en Espagne pour protéger les forces de police a conduit le tribunal de la ville de Petrer, dans la province d'Alicante, à infliger une amende de 800 euros à une femme. Son crime ? Avoir pris en photo une voiture de police garée sur une place réservée aux personnes handicapées, puis avoir publié la photo sur son compte Facebook accompagnée de la légende «garez-vous où vous voulez, vous n'aurez même pas de PV».

D'après le porte-parole de la police locale, Fernando Portillo, la voiture de police en question s'était autorisée à occuper une place handicapé pour pouvoir intervenir rapidement sur un cas de vandalisme dans un parc voisin. Selon lui, les situations d'urgence autorisent la police à se garer où elle le peut.

L'auteure de la photographie, qui a été repérée et arrêtée en 48h, aurait porté atteinte à «l'honneur» des officiers de police. Un délit, qui aurait été rapporté aux autorités municipales. Portillo précise que c'est une décision de la ville que d'imposer une amende, mais que la police aurait préféré «une solution différente» pour régler le conflit.

Une loi fortement controversée

La loi, qui autorise la justice à verbaliser un tel comportement, a été promulguée le 1er juillet 2015. Cette loi sur la sécurité stipule que «l'usage non-autorisé d'images des membres des forces de police pouvant porter atteinte à la sécurité de leurs familles, de leurs locaux et de leurs opérations» est interdite. Tout contrevenant pouvant se voir imposer une amende allant de 600 à 30 000 euros.

La loi interdit également tout mouvement de protestation à proximité du Parlement et du Sénat, et prévoit pour ces cas des amendes allant jusqu'à 600 000 euros.

La loi a fait l'objet de vives critiques de la part de l'opinion publique, qui l'a surnommée la «loi bâillon». Il est reproché à la mesure de constituer un agrandissement de l'autorité espagnole allant à l'encontre de la liberté d'expression. Des milliers de citoyens espagnols étaient descendus dans les rues, lors de la promulgation de la loi, le 1er juillet 2015, pour protester contre ce qu'ils considèrent être une mesure liberticide. L'ONG Amnesty International s'est également prononcée contre cette loi, estimant qu'il est parfois nécessaire de prendre des photographies des actions policières, afin de déterminer un usage potentiellement disproportionné de la force.