«Pour contrôler le flux migratoire, le retour vers les contrôles à la frontière sera la meilleure de toutes les mesures», a estimé Rainer Wendt, le président de l’Union de la police allemande, au quotidien Passauer Neue Presse. «L’Allemagne ne doit pas laisser de côté l'idée de la réintroduction des contrôles», a-t-il affirmé.
Le responsable a qualifié la situation migratoire actuelle à la frontière germano-autrichienne de «catastrophique», appelant à accorder à la police des ressources supplémentaires pour aider les officiers à contrôler ceux qui se déplacent entre les pays européens. Selon lui, le retour des contrôles frontaliers et des passeports contribuera, de plus, à la lutte contre la criminalité.
Alors que plusieurs pays ont du mal à gérer le flux toujours croissant de migrants qui arrivent en Europe, principalement du nord de l’Afrique et du Proche-Orient, la réintroduction des contrôles internes est de plus en plus discutée en Europe. Cependant, une fois introduite, cette mesure pourrait mettre en cause le principe de libre déplacement au sein de l’UE. Les critiques soulignent aussi que l'introduction de telles mesures se révélerait injuste pour les pays situés aux extrémités de l'UE, tels que la Grèce, l'Italie et la Hongrie, qui seraient forcées d'accueillir la majorité des demandeurs d'asile.
L’Allemagne débordée par l’afflux migratoire
Entretemps, l’Allemagne fait également face à toujours plus de demandes d’asiles : selon un responsable sur le logement des migrants à Berlin Mario Czaja, le pays devra recevoir à peu près 700 000 demandes cette année.
Face au nombre croissant de nouveaux arrivants, l’Allemagne, première destination européenne des demandeurs d’asiles en 2014, a du mal à loger tous ceux qui y cherchent un refuge. Depuis des semaines, des migrants sont forcés de camper devant le centre de premier accueil et seules les personnes les plus vulnérables ont la possibilité d’obtenir un abri provisoire.
Suite à ce manque de places, les autorités berlinoises ont opté pour des solutions inédites, comme l'installation d'un «village de containers» au sud de Berlin ou encore celle d'un immense dôme gonflable. Des locaux des anciens camps nazis de Buchenwald et Dachau pourraient même être utilisés pour héberger les migrants.
La lenteur du traitement des demandes d’asile par les autorités allemandes est un autre problème qui fait monter les tensions. Malgré des journées de travail rallongées, les fonctionnaires débordés ne parviennent pas à raccourcir la file d’attente devant le centre d’accueil. La situation est tellement grave qu’une quinzaine de réfugiés syriens ont entamé, à Hoyerswerda, une grève de la faim en signe de protestation contre les délais d’examen de leurs dossiers.
Selon les données de l'Eurostat, rien qu'en 2014, l'Allemagne est de loin le pays ayant enregistré le plus grand nombre de demandes d'asile parmi les 28 pays de l'UE. Ce nombre est deux fois plus élevé qu'en Suède, en Italie, en France, en Hongrie et au Royaume-Uni.