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Fake news ? Les révélations du Guardian sur les rencontres entre Manafort et Assange en question

Les révélations sur des rencontres entre Assange et l'ex-directeur de campagne de Trump pendant la campagne électorale ont fait l'effet d'une bombe. Mais ce dernier a produit ses passeports, qui n'indiquent pas de voyage à Londres sur cette période.

L'analyse des passeports de Paul Manafort sera-t-elle la source d'un éclatant désaveu pour le quotidien britannique The  Guardian ? D'après le Washington Times, les trois passeports de l'ancien directeur de campagne de Donald Trump montrent qu'il ne s'est rendu en Angleterre qu'en 2010 et en 2012, aucune autre trace de son entrée sur le territoire britannique n'existant en dehors de celles-ci.

Or, dans un article exclusif publié le 27 novembre et qui a fait grand bruit, le Guardian,  s'appuyant sur ses sources, a rapporté que Paul Manafort avait rencontré le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, à plusieurs reprises, en 2013, 2015, puis 2016. Selon une source «haut placée», Paul Manafort aurait notamment eu une discussion secrète avec le lanceur d'alerte en mars 2016 à l'ambassade d'Equateur à Londres, soit quelques mois avant la publication par WikiLeaks de documents dévastateurs pour Hillary Clinton.

Des allégations vigoureusement démenties par Paul Manafort dans un communiqué, qui les a qualifiées de «totalement fausses et volontairement diffamatoires». Ce dernier a expliqué n'avoir jamais rencontré Julian Assange. Il a même menacé de porter plainte contre le quotidien. Reconnu coupable de fraude fiscale et bancaire le 21 août, Paul Manafort a accepté de coopérer avec les enquêteurs dans le cadre de l'enquête sur une prétendue collusion entre la campagne Trump et la Russie.

WikiLeaks a pour sa part mis le Guardian au défi d'accepter un pari d'un million de dollars portant sur la réalité de telles rencontres. «Cela va être un désastre médiatique aussi célèbre que les Carnets d'Adolf Hilter publiées par Stern», a prédit le site dans un message sur Twitter.

Les liens Russie-WikiLeaks considérés comme un fait établi par le Guardian

Dans son article, le quotidien reconnaît que l'objectif de ces prétendues rencontres demeure flou, mais croit savoir que «la dernière [en mars 2016] devrait faire l’objet d’un examen minutieux et pourrait intéresser Robert Mueller», le procureur spécial chargé d’enquêter sur la prétendue collusion entre Donald Trump et Moscou. En effet, selon le Guardian, WikiLeaks a obtenu les documents incriminant Hillary Clinton grâce à des hackers russes. Et le quotidien pense donc possible que les rencontres Manafort-Assange constituent le fameux lien entre Donald Trump et la Russie.

Si la réalité de telles rencontres pose sérieusement question, il est également utile de rappeler que les liens entre la Russie et WikiLeaks sont pour le moins hypothétiques. Aucune preuve tangible n'est à l'heure actuelle venue prouver leur existence. A l'origine de ces accusations, on retrouve les conclusions d'une enquête menée en 2016 par une entreprise privée embauchée par... le parti démocrate.

L'ancien directeur du renseignement américain, James Clapper, a également déclaré devant le Congrès, de façon on ne peut plus vagues et sans étayer son propos, que Moscou pouvait être derrière les documents obtenus par WikiLeaks. Une hypothèse qui a trouvé une seconde jeunesse avec l'inculpation le 13 juillet par Robert Mueller de douze agents du renseignement russe, accusés d'avoir piraté les ordinateurs du Parti démocrate. Une accusation qui fait partie, selon le président russe, «des jeux politiques internes aux Etats-Unis».

De son côté, s'il a toujours souhaité protéger ses sources, Julian Assange a toutefois laissé entendre lors d'une interview en août 2016 que Seth Rich – soutien de Bernie Sanders et membre du parti démocrate qui a été assassiné – pouvait être cette fameuse source.

Même si les révélations du Guardian venaient à être réfutées, ce que Politico envisage sérieusement le 28 novembre, notant qu'aucun autre média ne les avaient corroborées de manière indépendante, le site laisse entendre que la faute incomberait à... Donald Trump et à la Russie. Politico estime en effet que «l'explication la plus logique» si les rencontres entre Manafort et Assange n'ont jamais eu lieu, c'est que quelqu'un s'est donné beaucoup de mal pour discréditer le quotidien. «Si quelqu'un réussit à duper les journalistes et à planter une fausse histoire, cela nous dit aussi quelque chose», juge Alex Finley, l'ancien analyste de la CIA qui a écrit l'article.

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