Vendredi 16 novembre
Le secrétaire d'Etat à la Santé britannique Stephen Barclay a été nommé ministre du Brexit, pour remplacer Dominic Raab, qui avait démissionné le 15 novembre, en raison de son désaccord avec le plan de sortie de l'UE de Theresa May, a annoncé Downing street.
Outre l'hostilité de l'opposition, le Premier ministre Theresa May est en butte à celle de bon nombre de députés de son propre parti, dont plusieurs tentent d'organiser un vote de défiance pour l'évincer.
C'est le député conservateur pro-Brexit Jacob Rees-Mogg, à la tête du puissant groupe parlementaire eurosceptique European Research Group (ERG), qui est à la manœuvre, l'accusant d'avoir trahi les promesses faites au peuple britannique.
L'appui de 48 députés, soit 15% du groupe conservateur à la chambre des Communes, est toutefois nécessaire pour organiser un vote de défiance, et il faudrait ensuite qu'une majorité de députés conservateurs votent contre Theresa May, puisque la procédure ne sera effective qu'avec l'accord de 158 des 315 parlementaires.
La Bourse de Paris retrouvait de l'allant (+0,64%) le 16 novembre au matin, dans un marché qui devrait toutefois rester focalisé sur les derniers développements politiques autour du Brexit.
La veille, les Bourses européennes avaient globalement terminé dans le rouge, Londres étant paradoxalement la seule place financière stable (+0,06%) à la clôture après une journée entièrement tournée vers le Brexit et ses incertitudes.
L'Eurostoxx 50 avait perdu 0,47%, le CAC 40 avait fini en baisse de 0,70% et Francfort avait cédé 0,52%.
Jeudi 15 novembre
«Nous quitterons [l'Union européenne] le 29 mars 2019», a martelé Theresa May, rappelant que, selon elle, c'était sa mission depuis le référendum de juin 2016. La dirigeante a également insisté : «Il n'y aura pas de second référendum.»
«Je crois, avec chaque fibre de mon être, que le chemin que j'ai suivi est le meilleur pour mon pays», a encore déclaré la dirigeant, répétant qu'elle agissait dans l'intérêt national, «pas dans un intérêt partisan et certainement pas dans mon intérêt politique».
Malgré la discorde dans les rangs de son parti, Theresa May a exclu tout démission de sa part. «Le leadership consiste à prendre les meilleures décisions, pas les plus faciles. [...] Irai-je jusqu’au bout ? La réponse est oui», a-t-elle martelé.
A la question de savoir si elle était prête à aller jusqu'à faire exploser le Parti conservateur sur le Brexit, le Premier ministre britannique a répliqué que les Tories sauraient se concentrer sur ce qui était le «mieux» pour le Royaume-Uni.
«Je ferai mon travail, qui consiste à obtenir le meilleur accord qui corresponde au vote [des Britanniques en 2016]», a assuré Theresa May.
«C'est bien un Brexit» : Theresa May s'exprime pour défendre son projet d'accord de divorce avec l'UE.
Nigel Farage, ex-leader du parti souverainiste UKIP, a qualifié le projet de sortie de l'Union européenne de Theresa May «de pire accord de l'histoire». «Piégés, coincés dans le cadre juridique européen, avec une libre circulation des personnes [...] rien n'a été obtenu, si ce n'est de verser une énorme somme d'argent», a-t-il déploré.
A l'instar de celle de la Tory Sheryll Murray, les lettres de députés britanniques retirant leur confiance à Theresa May se multiplient.
Si 48 députés conservateurs en font la demande par lettre, une telle motion de défiance peut être soumise au vote de la Chambre des communes.
Le Premier ministre Edouard Philippe a commenté la crise politique au Royaume-Uni. «Rien ne nous permet à ce stade de savoir si l'accord sera au final adopté [...] Il n'a échappé à personne que l'actualité politique britannique pouvait nourrir un certain nombre de questionnements et d'inquiétudes sur la possibilité effective d'une ratification de cet accord», a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Dunkerque consacré aux effets du Brexit sur les ports français.
La France «ne souhaite pas» une sortie sans accord mais cette hypothèse est «toujours sur la table», a souligné Édouard Philippe, rappelant que l'accord devait notamment être accepté par les 27 pays de l'UE, puis ratifié par les Parlements européen et britannique.
,Selon lui, le gouvernement doit donc continuer à se «préparer à l'hypothèse [...] d'une sortie sans accord».
Pour le Parlement écossais, le projet d'accord sur le Brexit est «pour ainsi dire mort», arguant que le texte privait l'Ecosse d'accès au marché unique. Le lministre écossais chargé des négociations sur le Brexit Michael Russel a également fait savoir qu'un vote préalable du Parlement d'Edimbourg serait nécessaire avant d'envisager celui de Londres.
Pour ajouter à la confusion, d'après Reuters, la France a appelé à des changements au projet d'accord sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
D'après le quotidien britannique The Guardian, l'Union européenne aurait fait savoir qu'il n'y avait plus de «marge de manœuvre» dans les négociations. «En tant que négociateur, nous sommes satisfaits et nous en tenons à cet accord. Et nous pensons que c'est ce que nous pouvons faire de mieux, considérant les contraintes des deux parties», aurait déclaré une source citée par The Guardian.
«Le Royaume-Uni reste finalement partie intégrante d'une zone juridique, à la confection des règles de laquelle il n'a plus rien à dire», a analysé Drieu Godefridi, docteur en philosophie et juriste sur RT France.
Leader du groupe ERG (European Research Group) de députés conservateurs eurosceptiques partisans d'un Brexit dur (sans accord avec l'UE), Jacob Rees-Mogg a décidé ce même jour de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Theresa May.
«Le pire serait que cela n'aboutisse à aucun accord», a prévenu la chancelière allemande , commentant l'imbroglio britannique. «C'est une alternative que nous devons toujours garder à l'esprit», a-t-elle ajouté, espérant que le texte constitue une base pour parvenir à un accord final.
«C'est le meilleur accord que nous pouvions obtenir», a déclaré Guy Verhofstadt, le référent du Parlement européen pour le Brexit, lors d'une conférence de presse à Strasbourg avec le président du Parlement européen, Antonio Tajani, et le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier.
Cité par l'AFP, Antonio Tajani a rappelé que le Parlement européen «aura le dernier mot» sur l'accord de retrait des Britanniques, qui quitteront l'UE le 29 mars 2019, précisant que le vote aurait lieu «en début d'année» prochaine.
«Je ne peux soutenir l'accord proposé pour deux raisons», a argumenté le ministre du Brexit Dominic Raab dans sa lettre de démission, publiée sur Twitter.
Cinq membres du gouvernement de Theresa May ont démissionné ce 15 novembre, signe de profonds désaccords sur les conditions de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne : le secrétaire d'Etat à l'Irlande du Nord Shailesh Vara, le ministre du Brexit Dominic Raab, suivie par la ministre du Travail et des retraites Esther McVey, puis la secrétaire d'Etat du Brexit Suella Braverman et la secrétaire parlementaire pour le département de l'éducation Anne-Marie Trevelyan.