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Nucléaire iranien, le temps des grandes manœuvres politiques en attendant le vote au Congrès

Le Congrès doit se prononcer ce 17 septembre pour entériner définitivement l'accord sur le nucléaire iranien. D'ici là, les opposants à l'accord déploient messages rhétoriques, politiques et même publicitaires.

La vidéo avait commencé pourtant idéalement. Un père américain rentre déjeuner, son fils lui saute dans les bras, sa femme et sa fille, déjà attablées lui sourient. Une vue idyllique de l'American way of life qu'une soudaine explosion atomique vient réduire en cendres.

Se détache alors une citation du sénateur du Kentucky, Rand Paul, déclarant «notre sécurité nationale n'est pas menacée par un Iran disposant d'une arme nucléaire». Le texte ajoute alors «il suffit d'UNE arme», avant de conclure sur fond de champignon atomique «un Iran nucléaire est une menace pour notre sécurité nationale».

Cette vidéo a été mise en ligne par la Foundation for American Security and Freedom, un think tank qui annonce dés sa page de garde être«une organisation à but non lucratif qui vise à restaurer et à protéger les intérêts vitaux de la sécurité nationale de l'Amérique». Son fondateur, John Bolton, est un homme politique américain proche des néo-conservateurs et qui a appartenu à l'administration de George W. Bush.

La bataille du Congrès

Même un peu kitsch, même peu subtile, cette vidéo illustre bien comment à l'approche du 17 septembre, les rangs se serrent et les voix démocrates comme républicaines se comptent.

Selon les analystes, le Congrès, dont la majorité républicaine est hostile à l'accord avec Téhéran, a deux options: adopter soit une résolution d'approbation symbolique de l'accord, soit une résolution de désapprobation.

Or Barack Obama a averti: il opposerait son veto si le Congrès décide de s’opposer à l’accord qu'il considère comme une victoire diplomatique. Selon lui, sans cet accord historique, le risque d'une «autre guerre dans cette région volatile» serait plus que probable.

Pourtant l'inquiétude grandit à la Maison-Blanche car certains élus démocrates commencent à faire défection. Parmi eux, l'influent sénateur démocrate Chuck Schumer qui vient d'annoncer son opposition à l'accord. Cet élu de New York, qui est censé devenir le leader de la majorité démocrate au Sénat, rallie donc l'opposition républicaine. Dans la foulée, un autre élu influent, Eliot Engel, par ailleurs membre de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des Représentants, a annoncé qu'il voterait contre l'accord.

Du côté des Républicains, on compte également les voix futures. Le sénateur John McCain vient ainsi de déclarer qu'il estime pouvoir disposer de suffisamment de voix contre l'accord, même s'il est moins certain d'obtenir les deux tiers des voix du Congrès nécessaires pour passer outre le veto présidentiel.

Autre point d'inquiétude pour Barack Obama, la position d'Israël qui par la voix de son Premier ministre n'a cessé de demander «un meilleur accord». Le Président américain a critiqué sur les ondes de CNN cette ingérence dans les affaires intérieures américaines «sans précédent parmi les chefs d'Etats étrangers».

Quoiqu'il en soit, l'annonce faite dans le New-York Times par 29 scientifiques américaines de leur soutien à l'accord, s'il ne fera pas pencher la balance au Congrès, mettra peut être du baume au coeur de Barack Obama. Ces scientifiques estiment en effet qu’il s’agit d’une réussite importante sur le plan sécuritaire.