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Le chef de la diplomatie autrichienne annule sa visite en Russie sur fond de scandale d'espionnage

S'appuyant sur des informations fournies par une agence de renseignement européenne, l'Autriche soupçonne d'espionnage pour le compte de Moscou un de ses anciens colonels. La ministre autrichienne des Affaires étrangères a annulé sa visite en Russie.

Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a annoncé ce 9 novembre qu'un colonel de son armée, à la retraite, était soupçonné d'avoir espionné pour le compte de la Russie pendant des décennies. L'officier aurait commencé à travailler avec les services de renseignement russes dans les années 90 et aurait poursuivi ses activités jusqu'à cette année.

Le ministre autrichien de la Défense, Mario Kunasek, membre du FPÖ (parti nationaliste membre de la coalition gouvernementale), a précisé que l'affaire aurait été mise au jour «il y a quelques semaines» à la suite d'informations fournies par une agence de renseignement européenne.

Pour tenter d'éclaircir la situation, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Kneissl, a convoqué des diplomates de l'ambassade russe mais elle a d'ores et déjà décidé d'annuler sa visite en Russie, a annoncé Sebastian Kurz lors de son point presse.

Moscou convoque l'ambassadeur autrichien

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a expliqué avoir été «étonnée de manière désagréable» par ces informations, regrettant que Vienne n'ait pas informé Moscou de ces soupçons. «Comme le veut une tradition séculaire, si un pays a des préoccupations, soupçonne l’implication d’un autre pays dans des actions considérées comme des menaces pour l’Etat concerné, en vertu des normes de communication internationale, il convient de demander directement des explications», a rappelé le chef de la diplomatie russe.

«Malheureusement, ces derniers temps, nos partenaires occidentaux ont pour règle de recourir à la diplomatie du mégaphone au détriment de la diplomatie traditionnelle qui implique le respect de toutes les convenances», a également déploré Sergueï Lavrov. L'ambassadeur autrichien à Moscou, Johannes Aigner, a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, selon un porte-parole du ministère. 

Ces nouvelles accusations s'inscrivent dans un contexte de défiance croissante des Occidentaux envers la Russie. Début octobre, plusieurs pays dont la France et le Royaume-Uni, ont accusé Moscou, sans preuve, d'orchestrer une série de cyberattaques mondiales.

Auparavant, l'affaire Skripal, du nom de cet ancien agent double empoisonné au Royaume-Uni, avait déjà mis à mal les relations entre la Russie et l'Occident. Londres avait alors accusé le Kremlin d'être responsable de l'empoisonnement, ce que Moscou a toujours fermement démenti. En mars, Vienne s'était distinguée de ses partenaires de l'Union européeenne en refusant d'expulser des diplomates russes, disant vouloir «maintenir ouverts les canaux de communication avec la Russie».

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