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Un village italien renaît grâce aux réfugiés

Contrer la désertification rurale tout en venant à l'aide aux populations fuyant leurs pays en guerre, c'est le pari de Riace, village perché sur les hauteurs calabraises. Là, les réfugiés trouvent un avenir dans ce village qui ne voulait pas mourir.

Pour Riace, tout a commencé un jour de juillet 1998. 300 Kurdes entassés sur une fragile embarcation échouent alors sur la côte qui borde le village.

Au lieu d'y voir une invasion ou une calamité, les habitants préfèrent y déceler une chance de repeupler leur village qui se vidait inexorablement de sa population par une émigration vers l'Australie ou le Canada. Fort de plus de 2 500 personnes dans le passé, Riace ne comptait alors que quelques centaines d'habitants, pour la plupart âgés. Ecoles, commerces étaient menacés de fermeture.

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C'est alors que Riace, sous l'impulsion de son maire, a décidé de devenir «le village des migrants». Très vite, la solidarité s'organise, système D et bonne volonté sont appelés à l'aide. Une association locale, Città Futura (la ville du futur) entreprend de repérer les logements vides et de les réhabiliter pour accueillir les réfugiés

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En attendant d'hypothétiques subventions et aides de l'Etat, des bons alimentaires sont mis en circulation, avec pour effigie Gandhi, Luther King ou encore Che Guevara. Les commerçants seront par la suite directement remboursés par la municipalité, une fois l'aide étatique dûment versée.

Celle-ci, financée par le ministère de l’intérieur, a permis à Riace de recevoir 35 € par jour pour chaque adulte et 45 € par mineur. Ces aides publiques ont permis de créer 70 emplois.

Les migrants kurdes, quant à eux, ne chôment pas non plus: des ateliers de couture, de menuiserie, de céramique, de verrerie sont ouverts en vue de leur insertion. Le but est ainsi de transmettre des savoir-faire artisanaux millenaires. Un atelier de tissage a été ainsi créé, permettant la transmission et le renouveau du métier de producteur de fil de genêt. 

Riace fait depuis parti du Réseau des municipalités solidaires (Recosol), un réseau international qui met les villes riches avec d’autres qui le sont moins. Le village a pu ainsi ouvrir un point de vente online qui propose les produits réalisés dans les ateliers.

Trois programmes publics d'aide aux migrants oeuvrent encore à ce jour à Riace : le SPRAR (Système de Protection pour les Demandeurs d'Asile et les Réfugiés), Minori non accompagnati (Mineurs non accompagnés) et Emergenza Nord Africa (Urgence Afrique du Nord). 

Depuis, environ six mille réfugiés d'Erythréé, du Soudan ou encore d'Ethiopie sont passés par le village au fil du temps. Beaucoup sont restés. Désormais de village, Riace est devenu un gros bourg fort de ses 2 100 habitants, dont 400 demandeurs d’asile ou réfugiés.

Plus largement l'Italie a fait face à une vague de réfugiés, venus pour la plupart d'Erythrée, Syrie et de Libye. Actuellement 87 000 personnes, dont 14 000 mineurs non accompagnés, sont hébergées dans des centres d’accueil pour réfugiés. 

Entre janvier et juillet, ce sont plus de 66 000 migrants et réfugiés qui ont débarqué sur les côtes italiennes. Un chiffre qui dépasse déjà les 42 000 de l'année 2013.