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De Mélenchon à Philippot, Macron vertement critiqué pour son hommage au «grand soldat» Pétain

L’hommage d’Emmanuel Macron au rôle joué par le maréchal Pétain durant la Première Guerre mondiale a provoqué une vague de critiques, à gauche comme à droite de l’échiquier politique et auprès d'associations.

«Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale aussi un grand soldat» : ces propos ont été prononcés ce 7 novembre par Emmanuel Macron, alors qu'il justifiait la présence de Philippe Pétain parmi les huit maréchaux de la Première Guerre mondiale qui seront honorés par l’état-major le 10 novembre aux Invalides. Cette remarque élogieuse à l'égard du haut responsable militaire qui deviendra le dirigeant de Vichy n'a pas manqué de provoquer une vague de réactions outrées et indignées, en provenance de diverses  familles politiques.

Vous créez des polémiques tous seuls, mes enfants

En fin d'après-midi, le président de la République a tenu à préciser qu'il «ne pardonn[ait] rien» des actes de Philippe Pétain mais qu'il «ne gomm[ait] rien» de l'Histoire de France. «Vous créez des polémiques tous seuls, mes enfants», a-t-il également lancé à la presse, cité par l'AFP, en déplacement dans l'Aisne. «Le maréchal Pétain, quand il a dirigé la France pendant la Deuxième guerre mondiale, a été complice de crimes profonds qui ont été reconnus, et la responsabilité de l’Etat français a été reconnue. Je l'ai dit, j'ai été très clair sur ce point», a-t-il aussi précisé. Entre temps, la classe politique avait largement eu le temps d'exprimer, dans son écrasante majorité, son indignation.

«Pétain est un traître et un antisémite» : volée de bois vert, de Mélenchon à Philippot

A gauche, le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon, a vivement dénoncé la déclaration du locataire de l'Elysée, en faisant valoir que le maréchal Pétain était un «traître» et un «antisémite». En outre, selon lui, le véritable «vainqueur militaire» de la Première Guerre mondiale est le maréchal Joffre. 

Même tonalité du côté du président de Génération-s, le candidat socialiste à la dernière élection présidentielle Benoît Hamon : «Honorer Simone Veil au Panthéon et en même temps le traître antisémite Pétain aux Invalides. Rien ne justifie une telle honte. Quand on préside la France, il faut se montrer un peu plus à la hauteur de son histoire.»

Au centre, le député Meyer Habib, membre de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), a estimé qu'on ne pouvait guère qualifier de «grand soldat» le maréchal Pétain. «Non président Emmanuel Macron, jamais un grand soldat n'aurait livré résistants et juifs, dont d'anciens combattants à la barbarie nazie, ni adopté des lois antisémites qui souillent notre histoire. Son nom reste synonyme de trahison. C'est plus que funeste», s'est-il insurgé. 

La sortie du chef de l'Etat a également suscité un tollé à droite de l'échiquier politique. Entre autres, Roger Karouchti, sénateur des Hauts-de-Seine, a rappelé le passé collaborationniste du maréchal Pétain pour contester l'hommage : «Le maréchal Pétain fut un grand chef pendant la Première Guerre Mondiale. Mais rendre hommage à l’homme de la collaboration avec les nazis, de la lutte contre la résistance, du statut des juifs en 1940 ? Il eut mieux valu un hommage au généralissime Foch et à travers lui à tous nos chefs militaires.»

Même son de cloche chez son camarade républicain, le député Eric Ciotti, qui invoque la pensée du général de Gaulle : «Le maréchal Pétain a couvert de sa gloire le déshonneur de la collaboration et de la participation de l'Etat à la déportation des juifs.»

Un avis partagé le président des Patriotes, Florian Philippot. «Réhabiliter Pétain est une impossibilité morale et historique. Une faute majeure de Macron», a martelé le gaulliste.

«Symbole effroyable» ou...

Ce sentiment général a été partagé également par plusieurs associations. Se disant «choqué», le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a ainsi rappelé que le maréchal Pétain avait été «au nom du Peuple français, frappé d'indignité nationale lors de son procès en juillet 1945».

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a également fait valoir que le maréchal Pétain était «un symbole effroyable».

...«Rien de scandaleux»

Il est à noter que certains responsables politiques ont exprimé un point de vue moins critique sur la sortie du président de la République. Sébastien Chenu, député Rassemblement national (RN), a ainsi affirmé que le chef de l'Etat français se prenait souvent «les pieds dans le tapis de l'Histoire», tout en estimant qu'il avait «raison» de rendre hommage au rôle du maréchal Pétain durant la Première Guerre mondiale. 

«[Emmanuel] Macron, comme de Gaulle jadis, salue le maréchal [Pétain] de 14-18. Rien de scandaleux, si on précise bien la sinistre fin de règne du maréchal [Pétain]», a aussi jugé le maire de Béziers Robert Ménard. 

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