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Pierre Conesa : les explications saoudiennes sur Khashoggi n'ont «aucun degré de crédibilité»

Ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, Pierre Conesa est revenu sur les derniers développements de l'affaire Khashoggi. Il a estimé qu'il était impensable que le prince héritier n'ait pas été informé du sort réservé au journaliste.

L'Arabie saoudite a reconnu ce 20 octobre, 17 jours après sa disparition, que le journaliste Jamal Khashoggi avait été tué à l'intérieur de son consulat d'Istanbul. Pierre Conesa, auteur de Dr. Saoud et Mr. Djihad : La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite, s'est exprimé ce 21 octobre sur RT France au sujet des informations communiquées par les autorités saoudiennes à ce sujet.

Si quand on entre dans un consulat saoudien on ressort découpé en morceaux, on n'osera plus y entrer

Après avoir dans un premier temps expliqué que Jamal Khashoggi était sorti vivant de leur consulat d'Istanbul, les autorités saoudiennes jugent désormais qu'il a été victime d'une rixe ayant mal tourné. Est-ce crédible ? «Non, ça n'a absolument aucun degré de crédibilité», estime Pierre Conesa. «Si quand on entre dans un consulat saoudien on ressort découpé en morceaux, on n'osera plus y entrer», poursuit-il. «Et si c'est une rixe, alors pourquoi faire disparaître de corps ?», s'interroge-t-il encore.

A la question «l'Arabie saoudite a-t-elle perdu la face aux yeux du monde ?», l'ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense répond par l'affirmative. Quant à savoir si le prince héritier saoudien et homme fort du royaume, Mohammed ben Salmane (MBS), était impliqué personnellement dans l'affaire Khashoggi, Pierre Conesa pense qu'il ne pouvait qu'être au courant de la mission de l'équipe de négociation dépêchée à Istanbul par Riyad, car son médecin personnel faisait partie du voyage. Ce dernier, selon Pierre Conesa, est rentré dans le royaume wahhabite en avion privé accompagné d'une «grosse malle».

Pour ce qui est du rôle de la Turquie dans cette affaire, Pierre Conesa estime que la police a montré qu'elle était «capable, elle, d'apporter des preuves». «La Turquie va aller aussi loin que possible pour montrer qu'elle joue le jeu du journaliste, bien qu'elle met elle-même parfois ses journalistes en prison», poursuit-il.

Enfin, l'ex-haut fonctionnaire s'étonne que des pays s'indignent encore que les droits de l'Homme ne soient pas respectés en Arabie saoudite, sans parler du droit des femmes, «qui n'existe pas». «C'est quand même un pays qui a condamné un blogueur à dix ans de prison et 1 000 coups de fouet, un imam à la décapitation et à l'exposition de ses chairs jusqu'à décomposition, et qui a réclamé la peine de mort contre quatre manifestants pacifiques et des activistes féministes», a encore souligné l'expert.

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