Dans un rapport publié ce 16 octobre et intitulé «Egypte : des armes françaises au cœur de la répression», Amnesty International assure que Paris «bafoue le droit international», en fournissant au Caire «des équipements militaires utilisés pour réprimer avec violence des manifestations entre 2012 et 2015».
L'Union européenne avait pourtant demandé en 2013 à ses membres de suspendre leurs exportations d'armes vers l’Egypte, rappelle l’ONG. La France, ainsi que l'Allemagne, la Bulgarie, Chypre, l'Espagne, la Hongrie, l'Italie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Slovaquie ignorent cette directive européenne, accuse l'ONG.
La France, rappelle Amnesty international, est «devenue le principal fournisseur d’armes en tous genres à l’Egypte depuis 2013. Elle surpasse d’ailleurs largement les Etats-Unis, qui font partie avec elle des champions du secteur».
Les accusations contre la France se fondent sur l'analyse de vingt heures de vidéo, de centaines de photos et de 450 gigaoctets de supports visuels fournis par des groupes locaux de défense des droits de l'homme, sur lesquels apparaissent notamment des blindés français de type Sherpa et MIDS, utilisés pour tirer directement sur des manifestants désarmés. Cité dans ce rapport, un haut responsable français a confié que ces blindés, initialement destinés à la lutte contre le terrorisme, avaient été détournés par les autorités égyptiennes «au profit des forces de sécurité intérieure».
«Il est consternant de constater que la France a poursuivi ses livraisons d’équipements militaires à destination de l’Egypte après l’utilisation de ces équipements lors de l’une des attaques les plus meurtrières du XXIe siècle contre des manifestants», estime Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
«Comme ces transferts ont eu lieu – et ont continué d'avoir lieu – alors que les autorités égyptiennes n’ont rien fait pour faire respecter l’obligation de rendre des comptes, ni pris aucune mesure laissant entrevoir la fin des violations systématiques dont elles se rendent coupables, la France risque de se voir accusée de complicité dans la crise des droits humains que connaît actuellement l’Egypte», a-t-elle ajouté.