Il y aurait eu «plusieurs coups de feu», a indiqué la police du comté de Saint-Louis sur Twitter, en référence à la fusillade qui a éclaté hier, lors de la manifestation qui s'est déroulée à Ferguson. Un vingtaine, selon un journaliste de l'AFP qui raconte avoir vu un manifestant en sang, allongé sur le sol.
La victime, un ami de Michael Brown du nom de Tyrone Harris, 18 ans, a été transportée au Barnes Jewish Hospital, alors que la police déployait des renforts : agents et véhicules. Celle-ci a rapporté que les manifestants avaient lancé des objets sur les forces de l'ordre et les devantures des commerces.
Les coups de feu sont clairement audibles dans une vidéo, alors que le chef de la police, Andre Anderson, donne un interview à la presse locale.
Ce rassemblement avait lieu en commémoration de l'anniversaire de la mort de Michael Brown. Ce jeune noir américain avait été abattu par un officier de police blanc, dans les rues de Ferguson il y a un an. Quelques 300 manifestants avaient entrepris une marche pacifiste, perturbée par une cinquantaine de casseurs qui ont saccagé des magasins et affronté la police anti-émeute.
La date était symbolique : c'est le 9 août 2014 que Michael Brown, 18 ans, avait été tué par six coups de feu tirés par l'agent de police Darren Wilson. Une longue bataille judiciaire a suivi cet événement tragique à cause du flou des conditions dans lesquelles l'accident s'était produit. Selon la police locale, l'officier de police était en état de légitime défense, mais il a été depuis confirmé que la victime n'était pas armée et qu'elle tenait ses mains en l'air au moment des tirs. Le jeune homme avait par ailleurs un casier judiciaire vierge.
La mort de Michael Brown avait engendré de violentes émeutes dans les rues de cette ville moyenne de l'Etat du Missouri (centre). Sur fond de tensions raciales entre les habitants afro-américains et les forces de police, les images de ces violences, relayées par la presse internationale, ont fait le tour du monde.
La mort de Michael Brown avait engendré de violentes émeutes dans les rues de cette ville moyenne de l'état du Missouri (centre). Sur fond de tensions raciales entre les habitants afro-américains et les forces de polices, les violences obtiennent une couverture médiatique internationale. Les méthodes de la police américaine sont remises en question et de forts soupçons de racisme pèsent sur les autorités de Ferguson, une ville où la majorité de la population était noire mais la police ne comptait que des agents blancs.
Une marche pour mettre fin aux violences policières à l'encontre des personnes de couleur se terminera même sur la colline du Capitole à Washington pour mieux sensibiliser les représentants du peuple.
Les autorités américaines réagissent vite à l'affaire et le FBI (Federal Bureau of Investigation) ouvre une enquête sur la fusillade dès la 11 août. Incarcéré après l'incident, le policier Darren Wilson est relâché et reconnu non-coupable. Un signe d'impunité qui attise les tensions qui envenime le climat de confrontation, au point que le gouverneur de l'état du Missouri Jay Nixon déclare l'état d'urgence le 16 août. Une décision qui impose l'instauration d'un couvre-feu et permet aux autorités de demander l'aide de la Garde nationale.
Malgré la réaction du Président des États-Unis Barack Obama, qui a présenté ses condoléances à la famille Brown et annoncé le débloquage de ressources fédérales pour l'enquête, les violences vont perdurer, exacerbées par la multiplication d'affaires similaires. Alors que la mort de Michael Brown faisait déjà écho à celle de Trayvon Martin, un jeune noir abattu par un policier blanc, en Floride, plusieurs autres cas vont venir appuyer les accusations de racisme de la police américaine.
Quelques mois après l'affaire de Ferguson, c'est à Berkeley, toujours dans le Missouri, qu'Antonio Martin, 18 ans, est tué par un policier dans des circonstances floues. Au mois de juillet 2014, Eric Garner, un revendeur de cigarettes, est étranglé par des policiers dans l'état de New-York et trouve la mort dans l'agression. En novembre, c'est un enfant qui est pris pour cible. Tamir Rice, 12 ans, est la cible de coups de feu, alors qu'il jouait avec une arme factice, dans un parc de Cleveland, dans l'Ohio.
Ces dernières semaines, de nouvelles bavures policières à caractère raciale avaient préparé le terrain aux nouveaux affrontements de Ferguson. Le 23 juillet, à Cincinnati, un homme désarmé est tué par un agent lors d'un contrôle routier. Plus récemment encore, un nouvel adolescent, désarmé lui aussi, trouve la mort au Texas. Une longue série de bavures qui, à chaque fois, ont agrandi le fossé entre des forces de l'ordre accusées de racisme et une population noire de plus en plus en colère.
D'autres photos et vidéos amateurs, prises depuis le théâtre des manifestations, montrent le déroulé de l'incident :