Tara Fares était devenue l'une des rares icônes de l'Irak post-2003. Jeune, jolie, élue miss Irak en 2014, elle était suivie par plus de 3 millions de personnes sur Instagram et était volontiers qualifiée d'influenceuse dans son pays. Le 27 septembre, elle a été abattue de trois balles, en pleine rue, à Bagdad.
Depuis quelques temps, celle qui posait volontiers en T-shirt ou en robe à dentelles, exhibait ses tatouages, s'affichait au volant de sa voiture et se colorait les cheveux, faisait l'objet de très nombreuses critiques, parfois extrêmement virulentes. D'aucuns lui reprochaient des tenues trop osées à leur goût, d'autres son comportement qu'ils jugeaient indécent.
Le mois dernier, deux autres jeunes starlettes irakiennes ont perdu la vie dans des circonstances étonnantes. Rafik al-Yaseri, que l'on appelait «la Barbie d'Irak», chirurgien esthétique de profession, a été abattue à son domicile. La semaine suivante, Rasha al-Hassan, dirigeante du cabinet Viola Beauty Center, sis dans la capitale irakienne, a également été retrouvée morte chez elle.
Ce contexte particulier a conduit de nombreux admirateurs de Tara Fares à faire un lien entre son meurtre et ces cas précédents. Ils n'hésitent pas à évoquer un assassinat symbolique visant l'image de la femme qu'elle voulait incarner : rien ne permet toutefois de le conclure pour l'heure.
Toutefois, le climat social en Irak s'est considérablement dégradé ces dernières années, notamment en ce qui concerne la place des femmes dans la société. L'ONU a récemment réagi au meurtre de Souad al-Ali, militante des droits de l'homme assassinée par balle par son époux à Bassora. Un différend familial sans motivation politique qui a toutefois conduit la mission des Nations unies à qualifier «tout acte de violence, en particulier contre les femmes, dont le meurtre, les menaces et l’intimidation, comme des actes totalement inacceptables».
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