Le président turc Recep Tayyip Erdogan entame ce 27 septembre à Berlin une visite d'Etat censée réconcilier les deux pays malgré des protestations. L'homme fort d'Ankara dénonçait, il y a encore peu, en 2017, les «pratiques nazies» du gouvernement allemand.
Qu'il s'agisse du putsch manqué en 2016 contre Recep Tayyip Erdogan, qui a reproché à l'Allemagne la timidité de son soutien, ou des arrestations de ressortissants allemands en Turquie, dont des journalistes, les sujets de frictions entre Ankara et Berlin n'ont pas manqué ces dernières années. Mais l'heure est au dégel, même si cinq Allemands restent toujours emprisonnés, selon Berlin.
Recep Tayyip Erdogan souhaite au cours de cette visite ouvrir «une nouvelle page» des relations diplomatiques entre les deux pays selon un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Pour sa première visite d'Etat en Allemagne depuis son élection à la présidence en 2014, le président turc sera reçu à deux reprises par Angela Merkel, ainsi que par le président Frank-Walter Steinmeier. Il inaugurera ensuite le 29 septembre la mosquée de Cologne, financée par une organisation turque.
Hasard du calendrier, l'UEFA décidera ce jour qui de la Turquie ou l'Allemagne accueillera l'Euro 2024 de football. L'Allemagne faisait figure de favorite mais son image a été écornée par les accusations de racisme lancées contre la Fédération allemande de football par Mesut Özil, qui, bruyamment soutenu par le président turc, s'est retiré de la sélection.
La déclaration de Mezut Özil, «allemand quand je gagne, turc quand je perds», résume très bien la discrimination de joueurs en Allemagne
«La déclaration de Mezut Özil, "allemand quand je gagne, turc quand je perds", résume très bien la discrimination de joueurs en Allemagne», a encore lancé le président turc dans un entretien au groupe de presse Funke la veille de son arrivée à Berlin. Dans l'interview qu'il a accordée au Frankfurter Allgemeine Zeitung, il va jusqu'à dénoncer un «racisme institutionnel» qui serait selon lui à l'œuvre en Europe et viserait en particulier les musulmans. Il appelle l'Allemagne à engager une «confrontation» contre «l'islamophobie».
Dans un contexte turc marqué par une crise économique aiguë et des relations dégradées avec les Etats-Unis, Recep Tayyip Erdogan attend aussi des «mesures» pour développer les relations entre les deux pays. Avec environ 7 500 entreprises allemandes présentes en Turquie, Berlin est un partenaire incontournable. Le groupe allemand Siemens lorgne notamment sur un chantier de construction de lignes à grande vitesse dont le montant total pourrait s'élever à 35 milliards d'euros.
Recep Tayyip Erdogan souhaite en outre que l'Allemagne, où vivent environ trois millions de personnes d'origine ou de nationalité turque, joue un «rôle constructif» dans le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ou l'exemption de visas, deux dossiers bloqués.
La question syrienne sera aussi au cœur des échanges entre les deux pays, qui accueillent à eux deux plusieurs millions de réfugiés syriens et veulent éviter de nouveaux afflux de migrants.
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