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Prisonnier français de Guantanamo: privation de sommeil et humiliation – sa vie en camp de détention

Dans une interview à RT, Mourad Benchellali, ex-prisonnier du tristement célèbre camp de Guantanamo, accusé de terrorisme, a raconté son histoire et les souffrances qu’il a enduré pendant son détention.

Mourad Benchellali, né et élevé en France, a vu ses parents être emprisonnés après les attentats du 11 septembre. Selon la police française, ils étaient extrémistes. Mais leur fils nie qu’ils aient été terroristes, d’après lui la police a voulu en faire un exemple. 

La cause de l’arrestation de Mourad a été son voyage en Afghanistan. Mais les combats n’ont jamais été son but, insiste l’ex-prisonnier – il n’a rien entendu concernant Al-Qaïda ou Ben Laden. Un de ses proches lui a proposé de venir, et l’Afghanistan a toujours été un pays qui l’attirait. A son arrivée, l’histoire a été simple : il a été capturé et transporté dans un camp terroriste situé en plein désert d’où il était extrêmement difficile de s’enfuir. Il a malgré tout réussi à s’échapper. 

Capturé à la frontière pakistanaise, toujours sans armes et sans volonté de combattre quiconque, il prétend s’être caché chez des villageois qui l’ont ensuite dénoncé à l’armée pakistanaise qui l’a détenu pendant trois semaines. Il a finalement été remis aux Américains.

C’est là où l’enfer a commencé. Il était d’abord très heureux, espérant que les Américains l’extraderaient vers la France, dans son pays. Mais il s’est retrouvé à Guantanamo, sans comprendre pourquoi. Il répondait toujours aux questions, assurait ne jamais avoir voulu rejoindre aucun groupe terroriste… Mais en vain. Il a subi des tortures malgré sa volonté constante de coopérer. 

La CIA, le FBI et la police militaire – chacun avait ses propres méthodes, parfois  brutales : «on avait des interrogatoires, où on était menotté dans des positions douloureuses, privé de sommeil, il y avait l’utilisation de la climatisation ou de la musique qu’on mettait fort dans les oreilles ou des flashs. Tout était mélangé», a raconté l’ex-prisonnier.

Mais il ne s’agissait pas seulement de tortures physiques – Mourad Benchellali a subi des souffrances psychologiques tels que la privation de sommeil, l’isolement. «On n’avait aucune nouvelle, on ne savait pas combien de temps ça allait durait», s’est-il souvenu de méthodes utilisées contre lui. Les militaires utilisaient tout contre les prisonniers les menaces, les humiliations, la religion…

Les interrogatoires, ce n’était qu’une blague pour les agents – ils posaient les mêmes questions, chaque fois, a avoué l’ex-prisonnier. En fait, les détenus étaient traités comme des esclaves – les «enquêteurs» décidaient où les personnes vivaient, avec qui, s’ils pouvaient recevoir des lettres. Et ils affichaient clairement essayer de nouvelles techniques d’interrogation sur les prisonniers.

Les Etats-Unis ont communiqué que 2,7 millions de dollars étaient dépensés chaque année pour chaque prisonnier de Guantanamo, mais selon les dires de Mourad Benchellali, les prisonniers «étaient tout le temps dans leurs cellules, on attendait [de nouveaux interrogatoires], on lisait le Coran, on priait et c’est tout». Une telle somme et «il n’y a rien qui se passe». Il n’y avait aucun lien avec le monde externe – seulement quelques rares lettres.

Malgré tout ce qu’il a enduré, Mourad Benchellali a pu surmonter les difficultés et milite désormais dans une association qui lutte contre le djihad, mais il «n’oubliera jamais» ce qui s’est passé : «J’ai appris à vivre avec ça et j’essaie de faire quelque chose de positif de cette expérience».