«Nous le faisons pour Mike Brown !», crient les manifestants, clamant qu’ils descendent dans les rues parce qu’ils ont été poussés à le faire à cause de la répression policière. Ce week-end est prévue une série d’actions publiques, y compris des rassemblements, des manifestations, des concerts pour commémorer la disparition de Michael Brown. Une messe aura également lieu dans une église locale où se rendront, d’après les estimations du pasteur, des milliers d’Américains.
Bien que les protestations soient pacifiques, le niveau de sécurité est au maximum dans la ville en ce moment. La police de Ferguson a déjà été critiquée pour la façon dont elle a répondu aux manifestations de l’année dernière, quand les autorités américaines ont fait venir 2 200 soldats de la garde nationale dans la ville, ce qui a provoqué des émeutes de masse et des heurts. Le résultat des actes de vandalisme s’est élevé à 300 000 de dollars.
Malgré les promesses de Barack Obama, la situation raciale laisse à désirer
Quand Barack Obama a gagné son premier fauteuil présidentiel à la Maison Blanche en 2008, il a proclamé la victoire du mouvement des droits civils. Mais les événements de Ferguson ainsi que d’autres cas de violence policière aux Etats-Unis ont montré qu’il y a encore beaucoup à faire dans la lutte pour l’égalité.
Presque sept ans après la première élection d’Obama, les manifestations de masse dans le pays ont montré que le racisme est hélas encore bien présent. Quelques semaines avant le meurtre de Michael Brown, Eric Garner, un homme de 43 ans, est décédé après avoir été étouffé par des agents de police.
Manifester contre la brutalité policière n’est pas chose nouvelle pour les Etats-Unis. Des émeutes meurtrières se sont produites à Los Angeles en 1992 quand des agents de police ont été innocentés après avoir battu un conducteur de taxi noir. A l’époque, les autorités américaines avaient utilisé l’armée pour réprimer les manifestations, ces événements avaient coûté aux Etats-Unis 53 vies et plus de 1,5 milliard de dollars de dégâts. Cependant, les émeutes n’ont pas donné naissance à un mouvement national.
A la différence de Ferguson. La société américaine s’est mobilisé contre la violence policière et la discrimination raciale et a organisé le mouvement «Black Lives Matter» [Les vies noires sont importantes], qui rassemble des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux. Ce slogan s’est répandu partout aux Etats-Unis et même dans d’autres pays.
Et de nouveaux cas de violence policière n’ont pas tardé à apparaître – Freddie Gray, Tamir Rice, Samuel Dubose –sont tous des hommes noirs sans arme à avoir été tués par des policiers.
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Cependant, malgré l’ampleur du mouvement, le racisme imprègne toujours autant la société américaine. Tous ne sont pas, apparemment, heureux de la tournure des événements – des habitants de Ferguson signalent que les signes au nom du mouvement affichés fièrement sur leurs maisons sont parfois vandalisés. Les crimes haineux aux USA ne sont toujours pas chose rare, en témoigne le massacre de Charleston où un adolescent blanc a tué neuf fidèles dans une église.
Le problème racial occulte la brutalité policière
Dans le même temps, le meurtre de Samuel Dubose, homme noir abattu par un policier, a provoqué l’indignation nationale, le cas de Zachary Hammond, un adolescent blanc, tué dans les mêmes circonstances que Dubose, est passé presque inaperçu.
Bland, avocat de la famille Hammond, trouve qu’une telle différence est «très inquiétante». «Un adolescent blanc désarmé qui a perdu la vie par la faute d’un policier trop zélé est égal à un adolescent noir désarmé qui a perdu la vie par la faute d’un policier trop zélé», a-t-il dit à the Los Angeles Times.