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Irak : en pleine crise sociale à Bassora, des manifestants brûlent le consulat d'Iran

Les manifestations se succèdent depuis plusieurs jours à Bassora en Irak pour protester contre la déliquescence des services publics et la corruption. Ce 7 septembre, des protestataires ont pris d'assaut et incendié le consulat iranien de la ville.

Des centaines de manifestants ont mis le feu le 7 septembre au consulat iranien à Bassora, lors d'une nouvelle soirée de protestations dans cette ville irakienne où neuf manifestants ont été tués cette semaine et de nombreux sièges d'institutions publiques ou de partis ont été incendiés. Les responsables irakiens de la sécurité ont imposé un couvre-feu le même soir sur l'ensemble de la grande ville du Sud. Ce 8 septembre, quatre roquettes se sont abattues dans l'enceinte de l'aéroport de Bassora, selon des sources de sécurité irakiennes citées par l'AFP.

L'attaque contre la représentation diplomatique du grand voisin iranien, puissance agissante en Irak et plus particulièrement dans la province méridionale de Bassora, marque un tournant dans le soulèvement que connait la région depuis juillet contre la corruption des politiciens et la déliquescence des services publics malgré les richesses pétrolières de la région.

On a soif, on a faim, on est malades et abandonnés

Le 6 septembre, les manifestants s'en étaient pris aux partis et groupes armés chiites dans la ville, pour la plupart proches de l'Iran. Mais le consulat, où ils s'étaient heurtés à d'importants cordons de sécurité, n'avait pas été touché.

Le soir du 7 septembre, ils ont brisé ce rempart et pénétré par centaines dans l'enceinte du consulat, entouré d'une imposante muraille de béton et de fils barbelés, a constaté un photographe de l'AFP. D'immenses flammes étaient visibles à des centaines de mètres à la ronde au-dessus du bâtiment que les employés avaient quitté avant l'arrivée des manifestants, selon le consulat.

«On a soif, on a faim, on est malades et abandonnés», résume Ali Hussein, un des protestataires rencontré par AFPTV. «Manifester est un devoir sacré et tous les gens honnêtes devraient le suivre», poursuit-il.

Téhéran tente depuis les législatives de mai de peser sur la formation du futur gouvernement irakien. Le bloc pro-Iran au Parlement, emmené par une liste d'anciens combattants anti-jihadistes, dont la plupart des sièges à Bassora ont été saccagés par les manifestants, revendique la majorité des députés nécessaire à former le cabinet.

Amnesty International dénonce un «usage excessif de la force [...], dont des balles réelles»

Mais le Premier ministre sortant Haider al-Abadi, allié au populiste chiite Moqtada Sadr, qui se veut le héraut de l'indépendance politique de Bagdad face à Washington et Téhéran, aussi. 

Manifester est un devoir sacré et tous les gens honnêtes devraient le suivre

Ce 8 septembre, à l'appel de Moqtada Sadr, Haider al-Abadi se présentera avec plusieurs de ses ministres devant le Parlement pour évoquer le mouvement social à Bassora, exacerbé par une crise sanitaire qui a déjà mené plus de 30 000 personnes intoxiquées par l'eau à l'hôpital. Les défenseurs des droits de l'Homme ont accusé les forces de l'ordre d'être responsables des décès. Bagdad pointe du doigt des «vandales» infiltrés parmi les manifestants. Depuis le 4 septembre, les protestations quotidiennes ont fait neuf morts parmi les manifestants, selon Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil provincial des droits de l'Homme.

Amnesty International a de son côté dénoncé un «usage excessif de la force par les forces de sécurité, dont des balles réelles», affirmant que cela avait déjà eu lieu en juillet. Déchiré par des années de violences depuis l'invasion américaine de 2003, l'Irak se remet d'une guerre contre Daesh. Malgré d'importantes recettes pétrolières – 7,7 milliards de dollars en août –, le pays connaît un fort chômage et des pénuries d'eau et d'électricité.

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