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Maroc : le leader du mouvement de protestation Hirak cesse sa grève de la faim

Le chef de file du mouvement du Rif, Nasser Zefzafi, condamné à 20 ans de prison pour «atteinte à la sécurité de l'Etat», avait cessé de s’alimenter depuis le 30 août pour dénoncer ses conditions de détention. Il vient d'y mettre un terme.

Nasser Zefzafi, leader du mouvement de contestation sociale du Hirak, vient de mettre un terme à la grève de la faim qu'il avait entamée le 30 août dans sa cellule de Casablanca pour obtenir les mêmes droits que les autres détenus, a appris l’AFP auprès de l’avocat Mohamed Aghnaj.

Un prisonnier très populaire placé à l'isolement

Nasser Zefzafi, opposant charismatique largement soutenu par la population du Rif, région septentrionale du Maroc, avait été condamné à 20 ans de prison pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État», après neuf mois d’un procès fleuve réunissant 53 accusés. Il avait depuis dénoncé ses conditions de détention. Son père Ahmed Zefzafi, dans une vidéo publiée sur Facebook le 30 août, avait averti de la grève de la faim «sans sucre ni eau» de son fils. Il avait fait part de ses demandes à obtenir «les droits dont bénéficient les autres prisonniers», c'est-à-dire ne plus être confiné à l’isolement et être placé «dans une cellule digne où il puisse voir et parler». 

Ahmed Zefzafi avait en outre dénoncé des «privations et humiliations» subies par son fils et décrit sa cellule comme un «cachot». L’avocat interrogé par l'AFP n’a pas précisé si la prison avait accédé à la demande du du détenu.

Fin août, au cours des célébrations de l’Aïd al-Adha, le roi Mohammed VI avait gracié 188 militants du Hirak, qui avaient été jugés en juin au cours du même procès que Nasser Zefzafi. Mais le leader du Hirak, homme clé du soulèvement au soutien populaire, n'était pas concerné par cette mesure.

Le 23 mai dernier, le détenu avait déjà entamé une grève de la faim pour protester contre le déroulement de son procès et ses conditions d'emprisonnement.

Nasser Zefzafi a été arrêté le 29 mai 2017 après avoir proféré des insultes envers un imam au prêche hostile à son mouvement dans une mosquée d'Al-Hoceïma, accusé notamment d'avoir «semé le trouble». Des manifestations monstres avaient suivi, mais elles n'avaient pas dissuadé les autorités d'instruire contre lui un dossier judiciaire pour avoir «créé une fronde séparatiste».

Nasser Zefzafi n'était au départ qu'un simple militant qui postait des vidéos sur YouTube. Mais il est vite devenu le leader du mouvement de contestation Hirak chaabi«la mouvance populaire» née après la mort en octobre 2016 d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures alors qu'il s'opposait à la saisie de sa marchandise. Durant les protestations dans la ville d’Al-Hoceïma dont il s'était fait le porte-voix sur les réseaux sociaux, Nasser Zefzafi avait dénoncé sans relâche la «dictature», «la corruption» ou encore la «répression» de «l'Etat policier» au sein d'un discours teinté de références conservatrices ou religieuses. Qualifiant les partis politiques de «pions», il fustigeait les «responsables envoyés de Rabat» qu’il trouvait «soit incompétents soit racistes». Mais il n'a jamais cessé d'affirmer la démarche pacifiste de son mouvement.

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