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Twitter décide finalement de bannir Alex Jones, le fondateur du site InfoWars

Le réseau social Twitter, accusé de censurer de nombreux comptes d'internautes, a fait savoir ce 7 septembre avoir décidé de fermer définitivement les accès d'Alex Jones, le fondateur du site jugé conspirationniste d'extrême droite InfoWars.

Revenant sur son choix du mois dernier, Twitter a finalement décidé ce 7 septembre de suspendre définitivement les comptes d'Alex Jones, connu pour son émission InfoWars, jugée complotiste et d'extrême droite. Cette décision pourrait apporter de l'eau au moulin du président américain Donald Trump, qui accuse les réseaux sociaux de bâillonner les voix conservatrices.

Alex Jones est une personnalité médiatique devenue célèbre à la faveur de ses propos et théories considérées comme conspirationnistes. Basé au Texas, Alex Jones prétendait que la fusillade de Sandy Hook, à Newton (Connecticut, est) qui avait fait 26 morts dont 20 enfants dans une école était une mise en scène.

Il a en outre affirmé que les attaques du 11 septembre 2001 auraient été commanditées par le gouvernement américain et beaucoup relayé la rumeur du «pizzagate», mêlant réseau pédophile supposé, pizzeria à Washington et milieu démocrate lors de la campagne présidentielle en 2016.

J'ai été suspendu non pas parce que nous mentons mais parce que nous disons la vérité

«Aujourd'hui, nous avons suspendu définitivement @realalexjones et @infowars de Twitter et Periscope», une application de vidéo détenue par le groupe, a fait savoir le réseau social à l'oiseau bleu. «Nous avons pris cette décision sur la base de nouvelles informations sur des tweets et des vidéos postés [le 5 septembre] qui violent notre politique de comportement abusif, après des violations passées de ces comptes», a-t-il ajouté.

Cette décision ne devrait pas manquer de susciter la colère du président républicain Donald Trump, qui a déjà affiché sa sympathie pour Alex Jones et a récemment dénoncé une «censure» des idées conservatrices sur les réseaux sociaux.

Elle intervient qui plus est au lendemain de l'annonce par l'administration américaine qu'elle allait se pencher sur une éventuelle violation de la liberté d'expression par les grands réseaux sociaux, accusés de museler les voix conservatrices au profit des opinions progressistes, avec Twitter, Facebook ou Google en particulier dans le viseur.

Alex Jones avait reçu le soutien de Donald Trump pendant la campagne de 2016

Ce thème était même au centre d'une audition, le 5 septembre également, par les parlementaires américains du patron de Twitter Jack Dorsey. Ce dernier a, à cette occasion, fermement assuré que les décisions de Twitter n'étaient pas mues par des motivations politiques. Le fondateur du service de micro-messages avait aussi été entendu, aux côtés de la numéro deux de Facebook Sheryl Sandberg, lors d'une autre audition le même jour sur les soupçons de manipulation politique étrangère via les réseaux sociaux.

Alex Jones était alors présent au Congrès pour assister à ces auditions et a pris la parole dans les couloirs. Réagissant à sa suspension le lendemain sur son site InfoWars, Alex Jones a affirmé: «J'ai été suspendu non pas parce que nous mentons mais parce que nous disons la vérité», ajoutant que c'est cet incident avec un journaliste qui avait dû entraîner la décision de Twitter.

Très critiqué pour son refus préalable de suspendre Alex Jones, Jack Dorsey était lui même monté au créneau via des messages sur son réseau pour se justifier. Il avait défendu son choix, au nom du «débat public» et parce qu'«il n'a[vait] pas enfreint [nos] règles». Twitter avait néanmoins décidé mi-août de bloquer le compte d'Alex Jones mais de façon temporaire, pendant une semaine. Pendant sa campagne, Donald Trump avait accordé une interview à Alex Jones, au cours de laquelle le futur locataire de la Maison Blanche avait flatté son intervieweur, lui disant notamment : «Votre réputation est extraordinaire, je ne vous laisserai pas tomber.»

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