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La Libye est-elle assez sûre pour que les migrants y retournent ? Salvini : «Demandez à Paris !»

Bien que ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini pourrait parfois passer pour le Premier ministre tant sa parole porte à l'étranger : cette fois, l'homme fort de Rome s'en prend à la France et dénonce son implication dans le dossier libyen.

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, se dit prêt à retourner «bientôt» à Tripoli, en proie à des combats meurtriers, et a lancé une nouvelle charge sur le rôle de la France dans le chaos en Libye.

«L'Italie doit rester protagoniste du processus de stabilisation en Méditerranée», a déclaré l'homme fort du gouvernement le 4 septembre sur Twitter à propos de la Libye. Et d'assurer : «Je suis personnellement disponible pour courir quelques risques et y retourner bientôt.»

Matteo Salvini a également partagé une vidéo de déclarations faites devant la presse le 3 septembre. Dans cette intervention, il semble cibler la France à mots couverts : «Evidemment il y a quelqu'un derrière [les combats actuels]. Cela n'arrive pas par hasard. Ma crainte, c'est que quelqu'un, pour des motifs économiques nationaux, mette en péril la stabilité de toute l'Afrique du Nord et par conséquent de l'Europe [...] Je pense à quelqu'un qui est allé faire la guerre alors qu'il ne devait pas le faire. A quelqu'un qui fixe des dates pour les élections sans prévenir les alliés, l'ONU et les Libyens.»

Les journalistes présents ont demandé à Matteo Salvini s'il estimait que la Libye constituait un lieu sûr pour les migrants secourus en Méditerranée... Le ministre italien de l'Intérieur a alors précisé son propos : «Demandez à Paris.»

Pour sa part, la France, qui pousse à l'organisation d'élections d'ici à la fin de l'année en Libye, s'est défendue de toute visée personnelle dans cette ancienne colonie italienne, dont les ressources pétrolières attisent les convoitises.

Les forces spéciales italiennes n'interviendront pas

Le 3 septembre, le ministre italien de la Défense, Elisabetta Trenta, avait, également évoqué «une responsabilité» de la France en raison de son rôle dans l'intervention militaire menée par l'OTAN contre le gouvernement du colonel Kadhafi en 2011. «Il est indéniable qu'aujourd'hui ce pays se retrouve dans cette situation parce que quelqu'un, en 2011, a privilégié ses intérêts», a estimé le ministre.

Toutefois, Elisabetta Trenta et Matteo Salvini ont exclu une intervention des forces spéciales italiennes à Tripoli, bien que l'Italie compte actuellement plus de 300 militaires en Libye, chargés de protéger un hôpital de Misrata et l'ambassade à Tripoli ainsi que d'apporter un soutien logistique aux garde-côtes libyens. 

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