La tension monte à Idleb alors qu'une offensive des forces gouvernementales semble se préparer contre les djihadistes retranchés dans la ville. Pierre Piccinin, reporter de guerre et écrivain, est revenu sur le plateau de RT France sur les craintes d'une attaque chimique.
«Jusqu'à présent, il n'a pas été possible d'identifier l'origine des attaques. Le gouvernement [de Damas] de son côté n'a pas vraiment intérêt à mener des attaques chimiques», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «Ce serait tout simplement mettre ses alliés en difficulté au Conseil de l'ONU [...] D'un autre côté, je pense que les rebelles ont bien compris qu'une attaque chimique n'entraîne plus de ripostes de l'Occident, ou alors des ripostes très symboliques», référence référence aux frappes occidentales contre la Syrie d'avril 2018.
Le 22 août, le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, avait brandi la menace d'une frappe américaine, prévoyant déjà une utilisation supposée d'armes chimiques par Damas dans le cadre d'opérations militaires à Idleb. Le 30 août, l'envoyé de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'était, lui aussi, inquiété d'un possible usage d'armes chimiques par l'armée syrienne, ainsi que par les combattants rebelles. Moscou, enfin, avait également mis en garde contre une possible mise en scène d'attaque chimique par les rebelles, qui servirait à pointer du doigt la culpabilité du gouvernement syrien et à provoquer une intervention militaire américaine.
Pierre Piccinin a en outre rappelé ce que recouvrait le terme de «rebelles» dans le conflit syrien, et plus précisément dans la région d'Idleb. Ça fait très longtemps que la révolution syrienne est terminée, que les rebelles de l'Armée syrienne libre n'existent plus [...] à Idleb, c'est le Front al-Nosra», a-t-il précisé. Après avoir changé de nom pour Fatah al-Cham, le Front al-Nosra a fusionné avec d'autres groupes armés islamistes pour former le Hayat Tahrir al-Cham, qui tient actuellement Idleb.
Damas a expliqué son intention de libérer la ville d'Idleb et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé que le gouvernement syrien était fondé à combattre et éliminer les groupes terroristes. «Il reste encore la tâche de liquider les foyers restants de terrorisme, avant tout dans la zone de désescalade d'Idleb», avait-t-il souligné le 31 août.