Le président russe Vladimir Poutine a pris la parole le 29 août dans un discours à la nation pour évoquer le projet du gouvernement de réforme des retraites. Il a notamment annoncé que l'âge de la retraite allait passer de 55 à 60 ans pour les femmes (au lieu du seuil de 63 ans initialement proposé) et de 60 à 65 ans pour les hommes.
Au cours de son intervention, le président russe a détaillé le projet de réforme des retraites qu'il entend «adoucir», après son annonce controversée en juin dernier. Vladimir Poutine a d'abord décidé d'assouplir le projet de loi quant à l'âge de la retraite des femmes, affirmant avoir compris «que les femmes [avaie]nt une responsabilité particulière dans la société en plus de leur travail».
Il a ensuite rappelé que l'âge de la retraite allait augmenter de façon progressive, «de façon à ce que les gens puissent planifier leur avenir». Le président russe a également déclaré vouloir apporter de nouvelles garanties pour les personnes qui se retrouveraient sur le marché du travail après 50 ans, en proposant d'introduire une responsabilité administrative et pénale pour le maintien des personnes de cet âge à leur poste. «Sur le long terme, si nous faisons preuve d'hésitation aujourd'hui, cela peut menacer la stabilité de la société et la sécurité du pays», a-t-il assuré.
Vladimir Poutine a également évoqué des conditions spéciales dans ce projet de réforme des retraites pour, entre autres, les mineurs, pour ceux qui travaillent dans l'industrie chimique et pour ceux qui sont intervenus à Tchernobyl.
Le président russe a également suggéré un départ anticipé pour les mères de familles nombreuses, le maintien d'avantages pour certaines professions comme les mineurs, et l'introduction de sanctions pénales pour les entreprises licenciant des employés proches de l'âge de la retraite.
Il est à noter que plusieurs catégories de travailleurs, en particulier ceux du rail et de la métallurgie, mais aussi les forces armées et la police, n'étaient pas concernées par ce projet de réforme.
«Cela ne peut pas plaire à la majorité écrasante de la population»
La veille de son discours, Vladimir Poutine avait pris ses distances avec le travail du Parlement russe, exprimant le souhait que les amendements concernant la législation des retraites soit juste et comporte une «dimension humaine». «S'il vous plaît, n'oubliez pas que nos décisions vont concerner le destin de millions de personnes, qu'elles doivent être justes et tenir compte de l'intérêt du peuple», avait-il déclaré, cité par l'agence Tass.
En juillet déjà, Vladimir Poutine avait pris la mesure de la grogne concernant le projet de réforme, rappelant qu'en la matière, aucune décision n'avait été prise. «Je n'aime aucune [variante] liée à l'augmentation de l'âge de la retraite», avait-il alors déclaré lors d'un meeting devant des bénévoles de la Coupe du monde 2018 au stade de Kaliningrad. Il avait également souligné : «Cela ne peut pas plaire à la majorité écrasante de la population.»
Dans un pays où l'espérance de vie est de 76 ans pour les femmes et de seulement 66 ans pour les hommes, la perspective d'un relèvement progressif de l'âge de la retraite de 60 à 65 ans pour les hommes et de 55 à 63 ans pour les femmes a suscité une vive opposition. Début juillet 2018, à l'appel des syndicats et de partis de l'opposition, des milliers de Russes étaient descendus dans la rue.
Le projet de loi avait été présenté en Conseil des ministres le 14 juin, puis transmis le 16 juin suivant à la Douma, la chambre basse du Parlement. Selon l'argumentation avancée par le Premier ministre Dmitri Medvedev, le relèvement de l'âge de départ à la retraite se justifiait par la croissance attendue du nombre de retraités et la réduction de celui des actifs. Le gouvernement estimait que le projet de loi aurait permis d’augmenter les pensions de 1 000 roubles (14 euros) par an et de sauver le régime actuel de retraite par répartition.
A.K.