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Migrants : le conseil du patron de Frontex pour éviter la création de sociétés parallèles

Le directeur de Frontex, l'agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes, a lancé un avertissement aux Etats-membres de l'Union européenne quant à la crise migratoire qui secoue l'Europe depuis 2015.

«Si on continue ainsi, on envoie un message implicite aux migrants potentiels : tenter à tout prix de passer en Europe, car même si on est pris, on a toutes les chances d’y rester.» C'est l'averstissement que lance Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex, l'agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes.

Dans une interview donnée au groupe Ebra, le 23 août, Fabrice Leggeri assure que les Etats membre de l'Union européenne (UE) devraient prendre plus de «décisions effectives d'éloignement» pour endiguer l'arrivée massive de migrants sur le sol européen. Selon ses chiffres le nombre d'entrées irrégulières dans l'UE a certes fortement baissé depuis 2015, de 1,2 million à 75 000 en 2018. En revanche, le nombre des personnes en situation irrégulière qui restent en Europe continue de croître. 

Une forme de société parallèle, fonctionnant sur une économie noire

Il voit dans cette situation un risque de taille : l'apparition de zone de non droit en Europe. «Les gens verront des clandestins créer dans certains quartiers une forme de société parallèle, fonctionnant sur une économie noire, comme des "bulles" où la loi ne s’applique pas, et cela est insupportable dans un Etat de droit», détaille le patron de Frontex. Par son appel aux Etats-membres de l'UE, il espère également éviter que «les migrants économiques profitent du système», décrivant la situation : «Je monte sur un bateau, j’appelle les secours, et je sais que je serai conduit en Europe où j’ai la quasi- certitude, surtout si je suis un Africain subsaharien, de n’être jamais renvoyé dans mon pays d’origine…»

Fabrice Leggeri a également invité les pays européens à «harmoniser leurs règles et procédures d’éloignement», afin de faciliter le processus d'expulsion des migrants. Pour éviter de «recommencer à chaque fois toute la procédure», il propose ainsi «qu’une décision d’éloignement prise par un Etat de l’espace Schengen puisse être mise en œuvre dans un autre État, si l’étranger concerné est entre temps passé d’un pays à l’autre».

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