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«Le Congo est à nous !» : un slogan scandé dans un festival belge relance la question coloniale

Lors d’un festival de musique en Belgique, deux sœurs de couleur noire ont affirmé avoir été victimes de racisme. Filmé, l'incident a crée l'émoi sur la toile. Il relance en outre le débat sur le rapport de Bruxelles avec son passé colonial.

Un incident à caractère raciste est survenu le 18 août au cours du Pukkelpop,un festival de musique contemporaine qui se déroule chaque année dans la ville belge de Hasselt. Sur les réseaux sociaux, deux femmes de couleur noire ont affirmé avoir été agressées verbalement et physiquement alors qu’elles tentaient de se frayer un chemin dans la foule.

Sur leurs comptes Instagram, elles ont publié une vidéo dans laquelle on peut voir plusieurs jeunes chanter en néerlandais : «Handjes kappen, de Congo is van ons» («Couper les mains, le Congo est à nous»). Une expression faisant référence aux mutilations commises par l’armée coloniale belge contre des Congolais qui tentaient de se soustraire au travail forcé ou qui n'étaient pas jugés assez productifs.

Indignés par l'incident, les organisateurs du festival ont publié un message sur Facebook le 20 août : «Nous dénonçons avec force l'incident qui s'est produit pendant le concert de Kendrick Lamar. Pukkelpop est un festival où toute personne est la bienvenue, quels que soient son sexe, sa langue maternelle, ses convictions politiques, ses origines ethniques, sa religion ou idéologie, son handicap, son âge ou sa sexualité. Nous rejetons toute forme de violence physique ou verbale, de harcèlement ou de comportement irrespectueux.»

La question coloniale s'invite une nouvelle fois sur la scène politique

Loin d’être éteinte, la polémique occupe déjà l’actualité politique belge. Plusieurs députés issus de différents partis de gauche ont cosigné un texte appelant notamment à la création d'«une équipe de recherche internationale et pluridisciplinaire» dont la mission serait de se pencher «sur le rôle structurel de l'Etat belge dans le régime colonial». De ce travail, elle formulerait alors «des conclusions et recommandations à l'adresse des autorités leur permettant, notamment, de tenir un discours cohérent qui n'élude pas l'implication de la Belgique».

De son côté, le Collectif Mémoire coloniale et Lutte contre les discriminations, qui avait récemment demandé aux autorités belges le changement de certains noms de lieux en Belgique faisant référence à son passé colonial, a appelé dans un communiqué les ministres francophones et flamands de l'Enseignement à «revoir leur copie» sur l'enseignement de l'histoire coloniale belge. 

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