International

Portugal : sous la pression de la gauche, un sommet des start-up annule la venue de Marine Le Pen

Critiqués par la gauche portugaise pour avoir convié Marine Le Pen, les organisateurs du Web Summit ont décidé d'annuler sa venue. Ils avaient dans un premier temps botté en touche en invitant le gouvernement du Portugal, pays hôte, à se prononcer.

L'Irlandais Paddy Cosgrave, fondateur du Web Summit, une conférence technologique annuelle se tenant au Portugal, a annoncé sur son compte Twitter ce 15 août que «la décision correcte pour le Web Summit [était] d'annuler l'invitation de Marine Le Pen». «Sa présence est particulièrement irrespectueuse envers notre pays d’accueil [...] et certains parmi les dizaines de milliers de participants qui nous rejoignent du monde entier», a-t-il avancé dans un autre message. Il n'a toutefois pas expliqué en quoi inviter la dirigeante du Rassemblement national (RN, ex-Front national) serait irrespectueux pour le Portugal ou pour les participants internationaux au sommet. 

Dans un message publié le soir du 14 août sur le site Medium, l’entrepreneur irlandais s'était dit prêt à retirer la candidate au second tour de l'élection présidentielle française de 2017 de la liste des conférenciers invités pour ce sommet en novembre si le gouvernement portugais le demandait. «Si nos hôtes au Portugal, le gouvernement portugais, nous demandent d’annuler l’invitation de Marine Le Pen, nous respecterons bien sûr cette demande et nous le ferons immédiatement», avait-il écrit. Paddy Cosgrave avait également justifié l'invitation de la femme politique française, en invoquant notamment la liberté d'expression, même s'il avait estimé que ses «points de vue [étaient] erronés». 

Or, le gouvernement portugais a fait savoir le 15 août qu'il n'interviendrait pas dans cette affaire. «Pour cet événement privé, le gouvernement n'a pas d'intervention dans la sélection des orateurs qui relève de la responsabilité exclusive de l'organisation», a déclaré le ministère portugais de l'Economie dans un communiqué. La décision de Paddy Cosgrave, d'annuler l'invitation de Marine Le Pen, a suivi.

Pression du Bloc de gauche

Si le gouvernement portugais n'a pas choisi de s'exprimer sur cette affaire, la gauche de ce pays était montée au créneau contre la venue de la dirigeante de parti français. Le 14 août, le Bloc de gauche, allié de l’exécutif socialiste, avait appelé à une prise de position de la mairie de Lisbonne et du gouvernement sur cette invitation, déclarant que les propos de Marine Le Pen «incit[aient] à la haine, à la xénophobie et au racisme».  

Au sein même du Parti socialiste, plusieurs voix s'étaient élevées pour dire que la venue de Marine Le Pen était intolérable et qu'il était inadmissible de donner «une tribune au fascisme». 

Le Web Summit, qui connaîtra sa troisième édition au Portugal cette année, est l'occasion pour des milliers de start-up de tenter de séduire les investisseurs.

En 2017, son organisation avait déjà fait l'objet de critiques après un dîner festif tenu au Panthéon national, la dernière demeure de grandes personnalités portugaises dont la chanteuse de fado Amalia Rodrigues et le footballeur Eusébio.

Lire aussi : Décision de justice sur les assistants d'eurodéputés FN : Marine Le Pen dénonce une «peine de mort»