Dans un rapport publié le 8 août, l'ONG Amnesty International accuse Rome et La Valette, de violer les droits des migrants en appliquant une politique défavorable à l'aide humanitaire. D'après l'ONG, 721 personnes ont perdu la vie en mer au cours des deux seuls mois de juin et juillet sur 1 111 depuis le début de l'année. L'organisation estime que le nombre de victimes a augmenté depuis que Malte et l'Italie appliquent une politique durcie à l'gard du sauvetage de migrants illégaux naviguant vers l'Europe.
Amnesty dénonce même des «politiques européennes meurtrières», estimant qu'au-delà de la politique migratoire adoptée par l'Italie et Malte, Bruxelles n'assume pas ses responsabilités. «L’Italie réclame depuis longtemps, à juste titre, un partage équitable des responsabilités de sauvetage en Méditerranée centrale», reconnaît même l’ONG dans son rapport.
Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, et son ministre de l’Intérieur issu de la Ligue, Matteo Salvini, sont toutefois particulièrement incriminés pour leurs refus d'accueillir les migrants secourus près de leurs côtes.
Amnesty International invoque le droit de la mer, qui impose aux Etats d'accueillir les personnes secourues le plus rapidement possible. «Cependant, l’interdiction des débarquements comme moyen de pression peut être perçue comme une tentative consciente et insensible de s’en prendre à la nature des opérations de recherche et sauvetage en mer pour des raisons politiques», estime l'ONG.
L'ONG souligne à titre d'exemple le cas très médiatisé de l'Aquarius. Ce bateau avait été refoulé à l'entrée des ports italiens au début du mois de juin. Et c'est la ville de Valence en Espagne, qui se situe pourtant à quelque 1 500 kilomètres de Malte, qui a décidé d'autoriser le navire à accoster.
Amnesty International dénonce en outre les procédures judiciaires dont font l'objet les ONG se fixant pour objectif de venir en aide aux migrants en mer. En effet, celles-ci sont régulièrement accusées de favoriser le trafic des passeurs, voire de travailler de concert avec eux. Ces soupçons de complicité d'aide à l'immigration irrégulière ont conduit la justice italienne à ouvrir une enquête parlementaire en mai 2017, qui a conclu que les ONG constituaient un «facteur d'attraction».
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