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Une expérience anti-nazie dérape en Autriche : cinq collégiens poursuivis en justice

Cinq collégiens autrichiens font l'objet de poursuites judiciaires pour des dérapages à caractère nazi. Paradoxalement, ces mineurs auraient été inspirés par un cours destiné à mettre en garde contre les risques d'endoctrinement au fascisme.

Le parquet autrichien a engagé des poursuites contre cinq collégiens soupçonnés de dérapages à caractère nazi, en marge d'un cours précisément destiné à mettre en garde contre les risques d'endoctrinement. «Une procédure a été ouverte en lien avec la loi contre les activités nazies», a confié le 8 août à l'AFP le procureur Johann Fuchs, confirmant une information du quotidien Kurier. Le parquet d'Eisenstadt a précisé avoir ouvert une enquête à l'encontre de dix collégiens, mais cinq d'entres eux n'ont pas l'âge de responsabilité pénale fixé à 14 ans en Autriche.

Les incidents se sont produits après qu'une enseignante d'un établissement de Zurndorf a fait étudier en mars à ses élèves le film américain La Vague (1981) et le livre publié sous le même nom par l'écrivain Todd Strasser, alias Morton Rhue.

Fréquemment utilisées à des fins pédagogiques à travers le monde, ces œuvres s'inspirent d'une véritable expérimentation menée en 1967 en Californie par un professeur d'histoire.

L'enseignant américain, qui souhaitait mettre en lumière le mécanisme de l'endoctrinement nazi, avait délibérément embrigadé ses élèves dans une expérience à caractère fasciste, avant d'être dépassé par l'enthousiasme suscité. Mais à Zurndorf, le simple visionnage du film et la lecture du livre ont conduit à des dérapages similaires, selon les premiers éléments de l'enquête.

Personne n'avait pris au sérieux les rituels qui s'étaient instaurés

Durant les pauses, certains élèves de la classe avaient pris l'habitude de se transformer en «SS» tandis que d'autres endossaient le rôle de «cochons de juifs» et finissaient dans une «chambre à gaz», a détaillé Kurier. Le leader présumé, âgé de 15 ans, exigeait qu'on lui adresse le salut nazi. 

«Je n'ai pas connaissance d'une autre affaire similaire chez nous», a confié le procureur Johann Fuchs. Le leader présumé a assuré pour sa défense que «personne n'avait pris au sérieux» les rituels qui s'étaient instaurés. Il a néanmoins reconnu avoir fait «une grosse bêtise», selon Kurier.

Etroitement associée aux crimes du IIIe Reich après avoir été annexée par l'Allemagne en 1938, l'Autriche s'est dotée en 1947 d'une des législations les plus strictes au monde contre le révisionnisme, le négationnisme et toute activité néonazie.

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