L’adoption le 19 juillet dernier à la Knesset de la loi définissant Israël comme l’«Etat-nation du peuple juif» fait toujours l'objet de vives critiques. Ce 4 août, plusieurs milliers de manifestants ont investi les rues de Tel Aviv pour dénoncer son caractère discriminatoire. Avec parmi eux, de nombreux Druzes israéliens, qui, contrairement aux Arabes israéliens, ont l'obligation de faire leur service militaire en Israël.
Cité par The Times of Israël, Muafak Tarif, leader spirituel de la communauté druze, a déploré dans un discours devant les manifestants la décision des autorités israéliennes : «Malgré notre loyauté sans borne envers [Israël], [l’Etat] ne nous considère pas comme égaux.»
Réclamant «l'égalité» pour tous, les manifestants se sont rassemblés en masse dans la soirée du 4 août.
Un sentiment d'injustice partagé par l'ancien chef du Mossad, Tamir Prado, sur la chaîne de télévision israélienne Hadashot : «Ce qui a été fait est une injustice pour 20% de la population israélienne, et avant tout pour les Druzes qui servent fidèlement l'Etat depuis le jour de sa création.»
Adoptée par une courte majorité (62 voix contre 55), la loi a été défendue bec et ongle par le Premier ministre Benjamin Netayahou. «C'est un moment décisif dans l'histoire de l'Etat d'Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau», s’était-il félicité à l’issue du vote.
La loi stipule entre autres que «l'Etat considère que le développement des implantations juives relève de l'intérêt national et que l'Etat prendra les mesures pour encourager, promouvoir et servir cet intérêt».
Dans sa version précédente, le projet de loi laissait la voie ouverte à la création de localités exclusivement réservées aux Juifs, excluant de facto, les Arabes israéliens qui constituent 17,5% de la population totale israélienne, très majoritairement juive. Elle avait alors suscité une levée de boucliers, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l'Union européenne en Israël.
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