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Maria Boutina, «agent étranger» aux US ? Une affaire de «roman d’espionnage» pour son avocat (VIDEO)

Pour les médias américains, Maria Boutina semble avoir toutes les caractéristiques d'une espionne : proche du lobby pro-armes de la NRA, ayant croisé le chemin de Donald Trump... et russe. Selon son avocat, l'affaire a été montée en épingle.

Le ministre russe des Affaires étrangères avait qualifié le 21 juillet l'arrestation de Maria Boutina d'«inacceptable». Son avocat Robert Driscoll pointe l'absence de preuves. Russe et proche de la puissante National Rifle Association (NRA), principal lobby pro-armes américain, Maria Boutina fait figure de repoussoir pour certains médias mainstream américains.

Agée de 29 ans, Maria Boutina a été arrêtée à Washington le 15 juillet dernier, à la veille de la rencontre à Helsinki entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Militante pour le droit de porter une arme, la jeune femme est accusée de «conspiration» et de tentative d'influencer en secret des organisations américaines au profit de Moscou, «en tant qu'agent d'un responsable d'un gouvernement étranger». Les enquêteurs lui reprochent en outre de s'être livrée à ces activités sans s'être enregistrée comme agent étranger auprès du département américain de la Justice, comme l'exige une loi datant de 1938, la Foreign Agent Registration Act (FARA). Cette loi visait alors la propagande nazie et a été réactivée dans le cadre de la campagne antirusse lancée après la victoire de Donald Trump en novembre 2016.

Si vous lisez les accusations à son encontre, il n’y a rien sur l’espionnage !

Interviewé par RT, son avocat Robert Driscoll relève le rôle délétère des médias qui la présentent, selon lui, comme une espionne. «Maria est soupçonnée d’être un agent russe qui ne s’est pas enregistré auprès du procureur général. Globalement, cela veut dire qu’on ne l’a pas accusée d’espionnage. Si vous lisez les accusations à son encontre, il n’y a rien sur l’espionnage !», argumente-t-il. «J’estime que c’est un crime qui concerne plus une faute d’enregistrement que l’espionnage. Les médias, et le gouvernement dans une certaine mesure, qualifient cela de crime d’espionnage», précise-t-il encore. 

Et Robert Driscoll d'ajouter : «Je considère que ces accusations ont été particulièrement dommageables pour Maria. Cela permet de transformer cette affaire en roman d’espionnage, ce qui est beaucoup plus aisément accepté par le public. Les rédacteurs et producteurs aiment ce genre d’accusations.»

Le 30 juillet, des militants russes pour le port d'armes associés à Maria Boutina ont nié qu'elle soit un agent du Kremlin. «Les activités de Maria au sein du mouvement en faveur du port d'armes [américain] n'ont rien à voir avec la politique étrangère», a déclaré aux journalistes Igor Chmelev, président de l'association «Droit au port d'armes» que la Russe a fondé à Moscou. Igor Chmelev a simplement évoqué «certains contacts» avec la NRA, dont des représentants sont venus à Moscou pour «apprendre de l'expérience de chacun».

Le FBI affirme de son côté que Maria Boutina est entrée sur le territoire américain en août 2016 avec un visa d'étudiante. D'après son avocat, elle a obtenu son master en mai 2018. Comme membre de l'association «Droit au port d'armes», Maria Boutina a participé au National Prayer Breakfast, un événement annuel organisé par un groupe intégriste chrétien, The Fellowship, en février 2017, en présence du président américain Donald Trump.

Le 27 juillet, des membres du corps diplomatique russe ont pu rendre visite à Maria Boutina, détenue dans une prison à Washington. D'après l'agence Tass, la jeune Russe se voit refuser toute promenade, et ses gardes allument sa lumière la nuit toutes les 15 minutes. «Nous allons poursuivre nos efforts en vue de la libération de Maria [...] Nous continuerons à lui apporter une aide consulaire», a déclaré l'ambassade russe aux Etats-Unis.

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