«Eh bien, disons-le de cette façon, [l'interrogatoire] est destiné à mettre [le suspect] aussi mal à l'aise que possible. Donc je suppose, sans entrer dans des débats sémantiques, que c'est de la torture. Je suis à l'aise avec cela» a ainsi déclaré Alvin «Buzzy» Krongard à la BBC, qui l'interrogeait sur deux techniques utilisées par la CIA, «la simulation de noyade» et «le maintien dans des positions douloureuses».
L'homme, qui fut entre 2001 à 2004 directeur général de l'agence américaine de Renseignement, devient ainsi le plus haut-gradé de la CIA à reconnaître que des tortures ont bien été pratiquées sur les suspects de terrorisme par les Etats-Unis, après le 11 septembre 2001.
L'année passée, le Sénat américain, se basant sur un rapport, avait en effet jugé que la CIA avait outrepassé son mandat en pratiquant des actes de tortures et avait menti sur cette question. Le président Barack Obama avait alors solennellement déclaré: «Je vais être très clair, juste après le 11 septembre, nous avons fait de mauvaises choses. Nous avons aussi fait beaucoup de choses bien...mais nous avons torturé quelques personnes. Nous avons fait des choses qui sont contraires à nos valeurs».
Malgré cela, les différents patrons de l'agence, présents ou passés, ont toujours récusé ce terme, arguant que les techniques utilisées étaient bien «légales». A l'image de Michael Hayden, à la tête de la CIA entre 2006 et 2009, qui avait déclaré au Telegraph que ce rapport avait été «politisé par les Démocrates et conçu pour choquer».
Katherine Hawkins, experte auprès de Open The Government, une association qui milite pour que le gouvernement américain prenne ses responsabilités dans le programme de tortures opéré par la CIA, a salué les propos tenus par l'agent Krongard à la BBC. «Il était évident que c'était de la torture, mais la CIA a toujours refusé de l'admettre et ce même sous l'administration Obama.Voilà donc un petit pas vers la franchise» s'est ainsi réjouie l'experte.