Lors de sa rencontre avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a présenté pour la première fois le plan de Vladimir Poutine pour neutraliser les terroristes au Moyen-Orient. Il s’agit de la création d’une grande coalition incluant les armées syrienne et irakienne, mais aussi les forces kurdes, ainsi que celles d’autres pays de la région.
Le président russe avait évoqué cette question à la fin juin, avant sa rencontre avec le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem. Il avait déclaré à l’époque : «Il faut unir les efforts de tous les pays de la région pour lutter effectivement contre le terrorisme». Le maître du Kremlin a reconnu qu’il ne serait pas facile de créer une telle coalition, compte tenu des difficultés que traversent les relations entre les différents pays de la région. Il a néanmoins promis de profiter de ses bonnes relations avec eux pour former cette alliance.
Hier, le ministre russe des Affaires étrangères a donné plus de détails sur ce plan. Il a déclaré que les frappes aériennes seulement ne suffisaient pas pour lutter contre les terroristes. «Il faut créer une coalition d’alliés, notamment avec ceux qui, les armes à la main et sur le terrain, s’opposent à la menace terroriste. Cela comprend les armées syrienne et irakienne et les kurdes», a souligné Sergueï Lavrov.
Cette coalition doit être formée «sur la base juridique concertée et internationale», indique le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères publié à l’issue de la visite de Sergueï Lavrov au Qatar. Selon une source diplomatique du journal russe Kommersant, il est primordial que cette coalition dispose d’un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. D’après la même source, Vladimir Poutine évoquera cette question, fin septembre, lors de l’ouverture de la 70ème session de l’Assemblée générale de l’ONU à New-York.
Sergueï Lavrov n’a tout de même pas pu faire fléchir les Américains sur leur stratégie en Syrie, même si les Etats-Unis envisagent d’en appliquer une nouvelle dans les jours qui viennent. Barack Obama a déjà autorisé les forces aériennes américaines à bombarder les forces gouvernementales syriennes du président Bachar el-Assad, mais seulement si ces dernières attaquent l’opposition «modérée», c’est-à-dire : qui n’est pas composée de terroristes et que, justement, l’armée américaine entraîne.Ces rebelles modérés sont essentiellement basés dans le nord du pays près de la frontière turque. A l’heure actuelle, une soixantaine d’entre eux ont été entraînés par les Etats-Unis.
Reste que cette décision de Barack Obama peut augmenter le rôle des Etats-Unis dans le conflit syrien et démontre donc que la crise syrienne, qui dure depuis quatre ans, connaît un tournant important : pour la première fois, les forces armées américaines pourraient être impliquées directement dans des affrontements avec l’armée syrienne.