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Suisse : les anti-spécistes expliquent pourquoi ils épargnent les boucheries halal

Les associations anti-spécistes suisses ne veulent pas d'amalgame et estiment dans un quotidien helvète que les commerces halal ne devraient plus être pris pour cibles par les actions militantes... contrairement aux boucheries traditionnelles ?

Selon les informations de la Tribune de Genève, 16 enseignes de boucherie artisanale ont été vandalisées entre Genève et Nyon en Suisse depuis le mois d'avril 2018. Ces boutiques ont été pris pour cibles par les activistes anti-spécistes qui militent, de façon musclée, pour la défense du monde animal. Ces actes de vandalisme consistent surtout en des caillassages qui ont également visé un restaurant McDonald's, un fourreur... et deux commerces de restauration vendant des kebabs.

Cependant, le quotidien helvète qui a mené l'enquête révèle que selon les organisations anti-spécistes de Suisse romande, ces enseignes détaillant des produits halal ne devraient plus subir d'outrages à l'avenir. Les militants interrogés se gardent bien de revendiquer les actes de vandalisme qu'ils ne cautionnent pas.

Tenir un discours critiquant l’abattage rituel en particulier risquerait d’être relayé par des mouvements xénophobes

Pia Shazar, présidente de l'association pour l'égalité animale explique ainsi pourquoi l'abattage rituel confessionnel ne devrait pas être pris pour cible par les militants anti-spécistes: «Au vu du contexte d’islamophobie inacceptable dans lequel nous vivons, taper sur une population déjà stigmatisée ne serait vraiment pas anodin. De plus, tenir un discours critiquant l’abattage rituel en particulier risquerait d’être relayé par des mouvements xénophobes, ce que nous voulons éviter à tout prix.»

C’est envisageable pour un Suisse de classe moyenne supérieure d’arrêter de consommer des produits animaux, ça l'est moins pour une personne noire

Elisa Keller, déléguée suisse de l'association 269 libération animale, a elle aussi une pensée pour les nouveaux arrivants en terre helvète : «Notre but est de rendre véganes les populations qui ont la possibilité de le devenir. C’est complètement envisageable pour un Suisse de classe moyenne supérieure d’arrêter de consommer des produits animaux, ça l’est moins pour une personne noire, qui doit déjà s’intégrer, qui parle une autre langue. Il est compréhensible pour ces personnes qu’elles aient d’autres priorités.»

En France, les bouchers-charcutiers sont reçus par Collomb

En France, les artisans bouchers-charcutiers sont également la cible depuis le mois d'avril de «groupuscules vegans antiviande et antiélevage», selon les propos d'un de leurs porte-parole, cité par l'AFP. Dans les Hauts-de-France, sept boucheries ont été aspergées de faux sang au mois d'avril, et une boucherie et une poissonnerie ont été vandalisées. Les vitrines ont été brisées et les façades taguées des mots «stop au spécisme». Le même scénario s'est reproduit à Jouy-en-Josas dans la nuit du 1er au 2 juillet.

Le 3 juillet, un conseiller police du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a reçu pendant une heure les professionnels de la viande. L'objet de la réunion était d'«éviter une propagation des violences» et a abouti à la promesse d’une mise en place rapide d’entretiens entre les préfets et les représentants départementaux de la profession. Selon les informations de Libération, Jean-François Guihard, président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) s'est félicité de la bonne tenue de la rencontre et a évoqué une «grande satisfaction» pour sa confédération. Les artisans sont ressortis de la réunion «avec l’impression d’avoir été entendus et d’avoir fait comprendre au gouvernement l’ampleur du phénomène de violence dont ils sont les victimes».

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