La grogne contre la chancelière Angela Merkel atteint des niveaux records en Allemagne : d'après un sondage publié par l'institut YouGov le 22 juin, 43% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles voulaient voir la chancelière quitter son poste.
Si une proportion équivalente émet le souhait de voir la dirigeante rester en place, il n'en demeure pas moins que la défiance à son égard est au plus haut, tirée par sa très impopulaire gestion de la crise migratoire. En effet, environ un tiers des personnes interrogées (32%) soutiennent que la question de l'immigration est à même de renverser le fragile gouvernement d'Angela Merkel.
Des chiffres qui traduisent la situation politique très délicate dans laquelle se trouve la chancelière depuis la courte victoire de son parti la CDU lors des législatives de septembre. Contrainte de mettre sur pied une coalition avec les sociaux-démocrates (SPD), elle doit en outre composer avec son allié de la CSU, plus conservateur. Et le rapport de force n'est clairement pas en faveur de la chancelière, comme en témoigne l'ultimatum sur la question migratoire lancé par son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer (CSU) le 18 juin, avec qui elle croise le fer depuis trois ans sur la question des réfugiés.
Faute d'un accord européen d'ici la fin juin, Horst Seehofer a annoncé qu'il refoulerait aux frontières tous les migrants déjà enregistrés dans un pays de l'UE, et ce dès le mois de juillet. Une demande qui a obligé Angela Merkel à convoquer un mini-sommet de l'UE le 24 juin afin d'évoquer la question avec ses partenaires européens, avant le prochain sommet de l'Union européenne qui se tiendra les 28 et 29 juin.
Conscient de la difficulté de parvenir à un accord en si peu de temps, alors que la question divise les pays du bloc depuis des années, Berlin a pris les devant, annonçant d'ores et déjà qu'il n'y aurait «pas de solution d'ensemble au problème migratoire lors du sommet de l'UE». Et pour cause, les pays du groupe de Visegrad (V4), favorables à une ligne dure sur l'immigration, ont annoncé qu'ils excluaient de participer au mini-sommet européen.
Si l'avenir d'Angela Merkel au poste de chancelière dépend de l'issue de ces réunions, il pourrait bien s'écrire en pointillé.