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Grande-Bretagne : trois jeunes migrants venus de Calais se suicident en six mois

A Londres, trois suicides récents de jeunes Erythréens venus de Calais sans leurs parents ont alerté sur la mauvaise prise en charge des migrants mineurs au Royaume-Uni. En cause notamment, la longueur des délais de traitement des demandes d'asile.

Le suicide de trois jeunes migrants érythréens en l'espace de six mois suscite l’inquiétude en Grande-Bretagne. Selon le quotidien The Guardian, il s’agit de deux jeunes de 18 et d’un autre de 19 ans venus en Europe sans leurs parents pour fuir le pays et parvenus à Londres après un long séjour à Calais.  

L’un d’eux, Filmon Yemane, venait juste d’avoir 18 ans quand il s’est tué en novembre 2017. Alexander Tekle était, lui, arrivé dans les îles britanniques depuis un an. Il s’est suicidé en décembre. Un troisième jeune homme a mis fin à ses jours en mai dernier.

En avril, une enquête a été menée sur les conditions de la mort de Filmon Yemane. Il aurait été en état de crise dans les moments ayant précédé son suicide. Les employés du foyer où il résidait auraient averti les équipes de médecine mentale du système de santé publique que son état empirait mais rien n’a été entrepris. Une enquête concernant les deux autres migrants est en cours.

Parfois plus de trois ans sans pouvoir ni travailler ni étudier avant d'être fixé sur son sort

Si leur périple semé d'expériences traumatiques, la fuite de conflits violents en Erythrée, leur séjour chaotique à Calais ou encore les démarches pour entrer clandestinement en Angleterre constituent des écueils douloureux, rien ne permet pour l'heure de connaître les causes exactes de leur suicide. La difficulté à obtenir des papiers leur accordant l'asile pourrait être une des raisons de leur mal-être. Un ami d'Alexander Tekle, arrivé lui-même à 15 ans, a ainsi expliqué au Guardian qu'il n'avait pas réussi à obtenir des papiers depuis son arrivée il y a trois ans.

Ces migrants mineurs ne sont pas renvoyés en Erythrée car la situation dans le pays est trop dangereuse et ils attendent d'être régularisés. Impuissants, privés d'autorisation de faire des études ou de travailler, ils sont susceptibles d’être placés en centre de détention. Ils sont aussi avertis qu'à 17 ans et demi, si l'asile ne leur est pas accordé, ils devront faire en sorte de regagner leur pays.

Un humanitaire ayant connu Alexander Tekle à Calais a raconté que le jeune homme avait connu «l’enfer» en Libye et dans un camp de Calais, où il avait vécu durant un an dans une tente. Au Royaume-Uni, le jeune homme a connu d'autres difficultés : il avait du mal à obtenir un certificat de naissance pour prouver son âge.

Avant qu’il ne reçoive ce dernier depuis l'Erythrée, il a été placé, faute de preuve, dans un foyer pour adultes où il aurait été violemment agressé par d'autres migrants. Fuyant ces agressions, il se serait retrouvé à la rue. La veille de sa mort, il a adressé un message à l’humanitaire : «Pourquoi n’ai-je pas encore mes papiers ?», se demandait-il.

Une étude anglaise reconnaît les manquements des services publics envers les migrants mineurs

Ces migrants mineurs continuent à rencontrer des difficultés devant l'administration anglaise. Une étude du Commissariat à l’enfance britannique parue en 2017 a en effet mis en garde contre des délais administratifs qui plongeraient ces adolescents dans l'anxiété, et recensé les vexations et indignités subies. Selon le Guardian, différentes associations ont critiqué ce manque de prise en charge et la longueur des procédures qui retardent l’aide psychologique.

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