International

Un petit garçon Yazidi embrigadé par Daesh apprend à haïr son peuple et à décapiter sa mère

Bohar, une mère Yazidi a raconté au quotidien Dailymail comment son fils de quatre ans a été forcé de rejoindre un camp de Daesh, où il a dû apprendre le Coran, s’est vu enseigner la charia et remettre un sabre pour décapiter sa propre mère.

Le petit garçon de quatre ans a été capturé avec sa mère, sa sœur et trois de ses frères en août dernier au sud-est de la montagne Sinjar, dans le Nord de l'Irak.

Séparés, déplacés et maltraités chaque jour

Ne pouvant fuir, la famille a été emprisonnée avec 2000 autres Yazidis et ballotés entre les prisons de Tal Afar et Badush à Mossoul, ville désormais totalement sous le contrôle des combattants de Daesh. Bohar, la mère de ces cinq enfants a livré son récit au journal britannique Dailymail.

«Dans la prison de Badush, Daesh m'a pris ma fille et mon fils aînés, âgé de 12 ans. Ils les ont emmenés en Syrie», explique-t-elle.

«Certains de mes amis [plus tard] m'ont dit qu'ils les [ses enfants] avaient emmenés à Raqqa. Je crois qu'ils y sont encore», a-t-elle ajouté.

Bohar a réussi à garder avec elle ses deux plus jeunes enfants, sa fille de 14 ans et Hamo, son jeune fils de quatre ans.

«Dans la prison de Tala-Afar, ils mettaient de l'urine dans les réservoirs d'eau et du verre dans la nourriture. Ils voulaient nous faire du mal», raconte-t-elle.

Lorsque les frappes aériennes de la coalition ont commencé, les choses ont empiré. «Ils nous battaient très fort, surtout quand ils ont vu les avions américains», s'est-elle rappelé.

Bohar et ses enfants ont ensuite été déplacés dans un village abandonné, où ils recevaient un repas chaud par jour. Mais la nourriture était mélangée avec de la morphine afin que les prisonniers soient affaiblis et ne puissent pas s'enfuir.

Ceux qui ont tenté de s'évader ou même d'utiliser un téléphone portable ont été tués sans pitié. Bohar affirme même avoir vu de ses propres yeux la façon dont un homme avait été assassiné par Daesh et sa tête exhibée devant les prisonniers.

En novembre, les prisonniers ont été transférés à Raqqa en Syrie, la capitale de Daesh. C'est là que pour la première fois depuis des mois, Bohar a pu apercevoir son fils aîné.

Le garçon de 12 ans, était, avec près de 250 autres enfants, obligé d'apprendre le Coran, tout en étant formé au combat. Mais le fils de Bohar se rebellait.

En savoir plus : Daesh interdirait les vidéos d’exécution après une décapitation opérée par un enfant

«Je l'ai vu sur cette base militaire. Je les ai vu le battre parce qu'il refusait d'obéir», déplore Baohar.

Rigoureux endoctrinement des enfants

A Raqqa, Bohar et ses deux enfants restants ont été vendus sur un marché aux esclaves par Daesh. Sa fille a été vendue à un combattant djihadiste.

Hamo, le petit garçon a, lui, été endoctriné dans un camp de formation militaire où il lui a été enseigné que son peuple, les Yazidis étaient des «Koufars» (mécréants) qui devaient être tués.

«Un homme lui a donné une épée et lui a dit, "C'est pour tuer ta mère"».

Elle apprit plus tard que le petit garçon avait été entraîné pour décapiter des gens, tirer à l’arme lourde et porter en lui la haine de son propre peuple à un âge où la plupart des enfants apprennent encore à lire.

En savoir plus : Daesh entraînerait les petits garçons à décapiter des poupées

Le petit Hamo n’a jamais été forcé de passer à l’acte, mais sa mère est catégorique : «s’il était resté, il aurait dû tuer pour Daesh».

Interrogée par le Mailonline, Bohar a expliqué que daesh avait appris à son fils la langue arabe, l’avait obligé «à apprendre le Coran et à manier le sabre».

Bohar et son fils ont été ensuite achetés par un homme syrien, après avoir été détenus dans une «prison qui était sous la terre».

«Il était très dur avec nous, il ne nous donnait rien à manger» raconte-t-elle.

Au bout de deux mois, Bohar et son fils ont été vendus une fois de plus, cette fois à un combattant saoudien surnommé Omar Al-Najde, un commandant de haut rang de Daesh.

Al-Najde a utilisé Bohar comme domestique avec deux autres adolescentes Yazidis. Hamo, lui, a été emmené dans un camp d'entraînement djihadiste et soumis à un endoctrinement rigoureux. 

Les djihadistes lui apprenaient également à manier le pistolet, les grenades et le sabre.

Le calvaire du petit garçon a continué durant quatre mois, avant que Bohar ne réussisse finalement à fuir avec lui à travers la frontière vers la Turquie.

Terrorisé, il refuse toujours de parler de ce qu'il a subit lorsqu'il était en captivité.

Sa mère, elle, espère toujours avoir des nouvelles du reste de sa famille, toujours aux mains des terroristes de Daesh.