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En désaccord sur la question des réfugiés syriens, le Liban bloque les permis de séjour du HCR

Le Liban a annoncé le 8 juin avoir bloqué les demandes de permis de séjour des employés du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), accusé de semer la terreur dans les esprits des réfugiés en cas de retour en Syrie.

Le Liban, par le biais du ministère des Affaires étrangères, a annoncé le 8 juin avoir bloqué les demandes de permis de séjour des employés du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), à cause de divergences sur la question du retour des réfugiés syriens.

«Des instructions ont été données à la direction du protocole pour suspendre, jusqu'à nouvel ordre, les demandes de résidence concernant le HCR», a indiqué le ministère libanais des Affaires étrangères dans un communiqué. 

Selon lui, «le HCR sème la terreur dans les esprits [des réfugiés] en invoquant le service militaire obligatoire, le risque sécuritaire, la question de logement et la suspension des aides de l'ONU en cas de retour».

La décision des autorités libanaises concerne aussi bien les nouvelles demandes de résidence que le renouvellement des permis déjà accordés à la directrice du HCR au Liban, Mireille Girard, et à son équipe.

Elle intervient après une enquête menée par le ministère à Aarsal, ville frontalière de la Syrie où vivent plusieurs milliers de réfugiés, selon les autorités libanaises.

Le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, avait accusé le 8 juin dans un tweet le HCR d'«intimider» les réfugiés syriens enregistrés au Liban dans le but de les empêcher de rentrer chez eux. Gebran Bassil avait alors reproché à l'agence onusienne d'«œuvrer contre la politique d'un pays souverain, basée sur le refus de la naturalisation et le retour des réfugiés sur leur terre».

«En dépit de nos mises en garde, le HCR poursuit sa politique visant à intégrer les réfugiés au Liban», avait-il ajouté. 

Le retour des réfugiés syriens, une des priorités du futur gouvernement libanais ? 

Ces tensions sont apparues au grand jour en avril lorsque l'agence onusienne a refusé de participer au processus de retour de 500 réfugiés en Syrie, organisé par les autorités libanaises en coopération avec leurs homologues syriennes. Mireille Girard avait alors été convoquée au ministère des Affaires étrangères libanais. 

Les appels de certains responsables libanais à un retour des réfugiés syriens se font d'autant plus pressants que le gouvernement syrien a repris ces derniers mois le contrôle de plusieurs zones rebelles, notamment près de la capitale Damas. Cette question devrait figurer au rang des priorités du nouveau gouvernement libanais, toujours en cours de formation.

Le HCR estime de son côté que les conditions humanitaires et sécuritaires en Syrie ne sont pas propices à un retour des réfugiés et craint des départs forcés.

Le Liban accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, dont 1 million inscrits auprès du HCR. Ils ont fui la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.

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