Fait rare dans le milieu de la prostitution : les travailleuses du sexe du quartier Nord de Bruxelles, à Saint-Josse, se sont mises en grève le 6 juin, pour exprimer leur colère suite au meurtre d'une des leurs dans la nuit du 4 au 5 juin. «Très peu de mouvements de solidarité s’organisent, et cette fois cela vient de femmes nigérianes sans papiers, qui sont dans des situations précaires. Ça leur est très difficile de faire grève», explique Maxime Maes à RT France, de l'Union des travailleuses et travailleurs du sexe organisés pour l’indépendance (UTSOPI). A l'origine de cette mobilisation: la tristesse et l'exaspération de travailler dans un quartier devenu sensible.
C’est la deuxième fois en une semaine qu’une de nos collègues se fait assassiner
La jeune prostituée de 23 ans s'est fait poignarder dans la nuit du 4 au 5 juin dans le quartier Nord de la ville et est décédée à l'hôpital des suites de ses blessures. Les circonstances de l'agression ne sont pas connues. «C’est la deuxième fois en une semaine qu’une de nos collègues se fait assassiner et cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Mais on n'en parle pas, car pour parler crûment "le meurtre d’une pute", les gens ne s'y intéressent pas», déplore Maxime Maes. «Après cette grève, nous organiserons une soirée de commémoration et l'objectif est d’organiser une marche silencieuse», annonce l'associatif.
Vouloir chasser la prostitution et laisser s'installer le chaos
La situation s'est dégradée progressivement dans la zone où ces femmes travaillent, à Saint-Josse. Les travailleuses du sexe font, selon lui, les frais d'une politique visant à éliminer la prostitution dans le quartier, elles qui avaient l'habitude de montrer leurs charmes en vitrine, comme à Amsterdam. «L'ambiance y est de plus en plus délétère. Ce quartier est géré par deux règlements différents émanant de deux communes distinctes. L'une d'elle a la volonté de chasser les prostituées. Sous couvert de lutter contre la traite des êtres humains, les politiques mettent les prostituées à la rue et ferment les vitrines où elles travaillent. Ils laissent le quartier se dégrader, avec les disputes, bagarres qui en résultent, et la police n'intervient pas en cas d'agression», explique Maxime Maes.
La commune a la volonté de chasser les prostituées
Il relate qu'un jeune a même foncé dans une vitrine qui a explosé alors que la prostituée s'y trouvait. Selon lui, le durcissement des lois dans la commune a fait fuir les «bons clients». Il ne reste dans ce quartier qui devient «la cour des miracles» uniquement «ceux qui se moquent d'être en infraction, que l'on refuserait en temps normal».
«Outre le fait que cet événement soit sordide, c’est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La violence est très présente, la police n'agit pas, les travailleuses sont très taxées... Elles n’en peuvent plus», raconte Maxime Maes. Il cite l'exemple d'Anvers, qui a mis en place un quartier rouge nettoyé trois fois par jour, avec un commissariat dédié aux travailleurs du sexe, des associations de santé...
La violence est très présente, la police n'agit pas
Il demande en outre une véritable concertation avec les associations, la police fédérale, le pouvoir politique, les habitants et les travailleurs sociaux pour aménager de bonnes conditions de travail et de vie pour les travailleuses du sexe de plus en plus menacées par la violence de leurs clients.
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