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La croissance démographique de l'UE s'explique-t-elle par son solde migratoire ?

Sans le solde migratoire, la croissance démographique de l'UE serait neutre, voire négative. C'est ce que révèle un bilan d'Eurostat. On y apprend qu'en 2015 et 2016, la totalité de la croissance démographique européenne est due à l’immigration.

Le site de vérification des informations Checknews, affilié à Libération, a confirmé une information publiée sur le site Vatican News selon laquelle en 2015 et 2016, la croissance démographique de l’ensemble de l’UE s’explique entièrement par le solde migratoire.

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Cette réalité se reflète dans les chiffres clé de l'Europe d’Eurostat, la direction générale de la Commission européenne qui a pour rôle de produire les statistiques officielles de l'UE. Selon ce bilan réalisé en 2016, «en 2015, le nombre de décès a dépassé le nombre de naissances vivantes dans l’UE-28 (pour la première fois depuis le début des séries chronologiques en 1961), entraînant la diminution naturelle de la population mentionnée ci-dessus. Par conséquent, l’augmentation de la population enregistrée en 2015 dans l’UE-28 a pu être entièrement attribuée au solde migratoire corrigé. En 2015, le solde migratoire corrigé représentait une augmentation de 1,9 million de personnes».

En 2016, c'est la même chose. Selon un communiqué d'Eurostat du 10 juillet 2017 : «Au 1er janvier 2017, la population de l’Union européenne était estimée à 511,8 millions de résidents, contre 510,3 millions au 1er janvier 2016. Au cours de l’année 2016, autant de naissances que de décès ont été enregistrés dans l’UE (5,1 millions), ce qui signifie que la variation naturelle de la population de l 'UE a été neutre. La variation démographique (positive, avec 1,5 million d’habitants supplémentaires) est donc due à l’apport du solde migratoire.»

Le solde migratoire n'est pas seulement l’immigration étrangère

Les chiffres officiels cités ici font état de ce qui est appelé le «solde migratoire». Celui-ci ne saurait se confondre avec l'immigration étrangère. Le solde migratoire résulte du calcul de la différence entre les entrées et les sorties du territoire national en prenant en compte les mouvements des immigrés mais aussi des non-immigrés, à savoir les personnes nées en France ou nées françaises à l’étranger. Il s'agit donc à la fois d'émigration et d'immigration.

Situations très diverses selon les pays

Le constat selon lequel la totalité de la croissance démographique européenne est due à l'apport du solde migratoire est valable pour la totalité des pays de l’UE. Toutefois, chaque membre a ses propres chiffres et on observe des situations très différentes d'un pays à l'autre. Par exemple, 13 pays de l’UE ont connu en 2016 un nombre de décès supérieur au nombre de naissances. Parmi ces pays, on retrouve notamment l'Italie et l'Allemagne mais aussi beaucoup de pays d'Europe centrale et orientale comme la Bulgarie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie ou la Croatie. Dans certains pays, le solde migratoire négatif, avec plus de départs que d’arrivées, s’est additionné à la baisse naturelle de la population. C’est le cas par exemple de la Roumanie ou de la Hongrie.

Dans cette mesure, un solde migratoire positif joue un rôle primordial dans la croissance démographique de certains pays et explique sans doute certaines stratégies de politiques migratoires.

En Allemagne, situation extrême 

En Allemagne, cas extrême, l’apport du solde migratoire est très supérieur à la baisse naturelle de la population. Ainsi, le nombre de naissances dans ce pays en 2015 était de 738 000 contre 925 000 décès, ce qui donne un accroissement naturel négatif de –187 000 personnes. Le solde migratoire record cette année-là de 1 151 000 personnes a permis de redresser l'accroissement démographique total de l'Allemagne à 964 000 personnes. La population allemande a ainsi pu passer de 81 197 000 le 1er janvier 2015 à 82 162 000 un an plus tard.

En France, on fait assez d'enfants

A contrario, en 2016, dans 13 pays de l'UE des 28, le nombre de naissances a été supérieur au nombre de décès. C’est le cas en France mais aussi en Belgique, en Irlande, au Luxembourg ou aux Pays-Bas. La France était en outre le 4e pays membre ayant la plus forte croissance démographique naturelle cette année-là. Pour ces pays, le solde migratoire positif s'est ajouté, à divers degrés, à la variation positive naturelle créant une croissance démographique encore plus forte.

C’est ainsi qu'en France, la population a augmenté entre 2015 et 2016 passant de 66 415 200 à 66 661 600. La croissance naturelle en est le facteur principal avec 200 600 personnes supplémentaires et le solde migratoire représente pour sa part un accroissement de 45 800 personnes. Contrairement à l'Allemagne, l'immigration est loin d'être le principal facteur de croissance démographique en France, même si elle en constitue une part non négligeable.

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