A l'occasion de sa première visite à l'étranger depuis sa réélection, Vladimir Poutine a accordé le 4 juin une interview à la télévision autrichienne, diffusée la veille de son arrivée à Vienne. Mais Amin Wolf, le journaliste autrichien chargé de conduire l'entretien avec le président russe, était vraisemblablement soucieux de faire au plus vite, l'interrompant plusieurs fois. «Nous avons si peu de temps et tellement de questions», a objecté le journaliste. «Si vous me laissiez terminer, vous comprendriez ce que je veux dire», a expliqué le chef d'Etat russe, ajoutant : «Soyez patient.»
Aussi, après avoir demandé à plusieurs reprises à son interlocuteur de le laisser développer ses réponses, Vladimir Poutine a décidé de passer du russe à l'allemand, une langue qu'il maîtrise et qu'il utilise dans ses échanges avec la chancelière allemande, Angela Merkel. «Seien Sie so nett, lassen Sie mich etwas sagen», a ainsi demandé dans la langue de Goethe le président russe («S'il vous plaît, soyez gentil, laissez-moi parler»).
Vladimir Poutine s'est toutefois félicité de la qualité de la relation entre la Russie et l'Autriche. Rappelant que Moscou privilégiait la stabilité du continent européen, notamment pour le bien des échanges commerciaux, Vladimir Poutine a de nouveau écarté les soupçons de tentatives d’ingérence russes dans les affaires des pays européens.
A la question du journaliste qui souhaitait savoir si sa visite en Autriche était une occasion pour la Russie d’inciter le gouvernement autrichien à mener «une politique bienveillante» à l’égard de Moscou après l’affaire Skripal, Vladimir Poutine a estimé qu’un «Etat européen aussi respecté que l'Autriche n’a[vait] pas besoin d’incitations». Le président russe a par ailleurs fait savoir que Moscou était disposé à renforcer la coopération avec les pays européens «qui déclarent publiquement qu'ils sont prêts et disposés à coopérer [avec la Russie]».
A.K.